Laurent Mabesoone est un poète de haïku, romancier, essayiste et comparatiste français s’exprimant en langue japonaise sous le nom de Seegan Mabesoone. Né en 1968, il vit depuis 1996 à Nagano au Japon
Comment parler de la vie et de l’avenir quand on a vécu une catastrophe nucléaire ? Au Japon, des auteurs ont publié en septembre un recueil collectif de haïkus, ces poèmes japonais extrêmement brefs, pour exprimer leur ressenti, leurs peurs, leurs espoirs. Voici la préface de ce recueil, intitulé « Après Fukushima ».
Je ne vous cache pas que la dernière « attaque » qui m’a été adressée sur ce site me rend très mal à l’aise. Surtout lorsqu’on me reproche d’instrumentaliser ma fille.
Ce que je fais depuis le printemps 2011, mes témoignages au quotidien d’une « famille normale », c’est justement dans le but d’éviter à ma fille une seconde catastrophe. Mais la majorité de mes « actions » se fait en dehors d’internet, dans la réalité.
Ce commentaire si vil c’est, comme on dit, « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ».
Pourquoi l’AIEA a-t-elle nié tout en bloc, hier matin, après que son
Secrétaire Général en visite au Japon le 28 janvier, venait d’annoncer
l’ « ouverture rapide d’un bureau de l’AIEA à Fukushima » [1] ?
Ce matin, grâce à la liaison internet arrangée par ce grand journaliste
qu’est Yasumi IWAKAMI, j’ai pu assister en direct à la remise du rapport
de l’AIEA à la NISA (Agence de sécurité nucléaire japonaise) ainsi qu’à
la conférence de presse qui a suivi.
Demain, plus que jamais, habillons-nous de jaune et, pour les habitants de Tokyo qui ont le temps, rendons-nous en face du Ministère de l’économie (Meti) afin de soutenir « la tente des Mamans de Fukushima ». Car demain est un jour crucial.
Aujourd’hui, nous nous sommes rendus à une représentation de Théâtre No. En fait, nous sommes allés voir un très bon copain de notre fille, le petit R. (4 ans), qui pratique le Théâtre No depuis l’âge de trois ans. Ce petit garçon fait partie d’une grande famille de Maîtres de No installée à Nagano depuis des siècles et, selon la tradition, il sera probablement appelé à devenir Maître de No lui-même, après des dizaines d’années d’entrainements secrets…
Aujourd’hui, je suis allé acheter comme presque tous les week-ends, des
graviers de litière pour notre chat. Dans le magasin D2, sorte de Confo’
à la japonaise, j’ai eu l’idée de poser mon compteur Geiger sur la
montagne de sachets de litière. Et voilà que mon compteur dépasse les
0,30 uSv/h (microsieverts/heure). Le bruit de fond habituel à
Nagano-ville étant maintenant de 0,13 uSv/h dont 0,03 uSv/h de radioactivité naturelle - presque tout le reste venant de Fukushima !
La chaine de télévision publique NHK [1] et le quotidien Yomiuri [2] l’ont annoncé ce matin, un journaliste cameraman indépendant français a été mis en examen hier, pour s’être introduit dans la zone des 20km et moins autour de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Jusqu’à présent, toutes les personnes s’introduisant dans la zone interdite recevaient une simple « observation », sorte de mise en garde agrémentée d’une amende de 100 000 yens (environ 1000 euros) qui n’a jamais été demandée. Pour la première fois, ce type d’acte donne lieu à une inculpation pénale !