Le capitalisme en robe de bure
- Article par Geneviève Confort-Sabathé
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Posted on Monday 06 April 2009, 06h00 - updated on 06/04/09 - Édito - Permalink

La conversion politique participe du même fonctionnement mental que la conversion religieuse. Rien d’intellectuel, seulement des mécanismes affectifs, de privation, de peur, de culpabilité, de rassurance et d’absolution.
Grâce au G20, Londres fut la capitale de la Révélation. Cette fois, c’est sûr, le capitalisme est soluble dans l’eau béni-oui-ouite. Le lavage de cerveau planétaire peut commencer.
Le lavage de cerveau s’articule autour de deux principes : la déstructuration de la personnalité antérieure, par la privation de contacts extérieurs, et la reconstruction de la personnalité autour d’une idéologie nouvelle, façonnée par les contacts retrouvés.
Qu’importe que l’idéologie soit erronée ! La foi est plus belle que Dieu. Les médias fanatisés auraient fini par voir Bill Gates marcher sur l’eau.
Raymond Aron avait cru démontrer que l’idéologie communiste était de ces opiums dont on fait les pipeaux. Mais il avait feint d’ignorer, en bon prophète libéral, que l’idéologie du Marché triomphant, si elle n’était pas la fin de l’Histoire, tenait de la parabole pour enfants bien nourris.
Le problème du lavage de cerveau, c’est l’entre-deux. Entre l’ancienne et la nouvelle croyance, l’angoisse règne.
Les bons apôtres du G20 n’avaient que cela en tête : calmer l’angoisse des peuples. En moralisant le capitalisme, dénonçant les infâmes paradis fiscaux, les icônes vertueuses et souriantes avaient à coeur de nous faire oublier leur responsabilité dans le désastre qui embrase le village global.
“Après tout, faute avouée est à moitié pardonnée” susurrent les dirigeants des vingt pays les plus riches, désireux de négocier les indulgences de la populace. “A moitié, seulement !” hurlent les peuples exaspérés devant cet acte de contrition médiatisé à outrance.
Car enfin, les papes du Grand Capital ne se fustigent, ne s’auto-flagellent, ne se mouchardent qu’avec élégance et devant les caméras de télévision du monde entier. Tant pis, si cette élégance de bazar méprise les millions d’affamés qui succombent à la crise du surendettement des gavés.
Devant les actes de résipiscence des élites mortifiées, les peuples éberlués s’interrogent sur certaines mesures susceptibles de doper l’avenir. Et surtout la plus emblématique d’entre elles : publier une liste des paradis fiscaux et sanctionner ceux qui ne respectent pas le code de bonne conduite. On ne sait rien des sanctions : deux Ave, trois Pater, quatre Je vous salue, Profit ?
La planète offshore devrait logiquement choisir l’Evangile selon Saint-Thomas, un trader matérialiste qui ne croyait que ce qu’il palpait.
Taper un bon coup de règle sur les doigts des profiteurs ne suffisant pas à restaurer la confiance des peuples furibonds, les apôtres du G20 se sont fendus d’un coup de pouce au FMI, histoire de fluidifier le dialogue social.
Le Fonds monétaire international qui s’est employé, pendant vingt ans, à mettre en faillite les pays les plus pauvres en appliquant les méthodes des surendettés du Nord, dispose, désormais d’un gros budget. Que va-t-il en faire ? S’occuper de démanteler le crime organisé transnational, s’attaquer avec férocité aux exploiteurs des ressources minières des pays les plus fragiles, remplacer le salariat par le revenu distribué ?.
Les économistes qui avaient prévu l’effondrement du capitalisme, s’inquiètent du temps nécessaire pour imposer une vraie régulation au monstre froid. Des années. au minimum!
En attendant, les peuples seraient bien inspirés de maintenir la pression sur les politiciens. Les peuples de l’Union européenne, eux, vont être appelés aux urnes dans quelques mois. Qu’ils boycottent et refusent le marché de dupes d’une élection, basée sur l’omnipuissance de la Commission et de la Cour de Justice, et la donne peut en être durablement changée.
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