Europe et Démocratie ? - 5
- Article par Anne Flambard
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Posted on Sunday 05 April 2009, 08h00 - updated on 05/04/09 - Europe - Permalink
Europe et laïcité
Le Traité de Lisbonne va encore plus loin et aggrave le TCE :
PRÉAMBULE - 1) Le préambule est modifié comme suit :
a) le texte suivant est inséré comme deuxième considérant : “S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de
l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs
universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi
que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit”.
Plus, un nouvel article, l’article 15, inséré dans le Traité de Lisbonne, ouvre des perspectives…Il y est précisé que :
“Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union
maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les
Églises”.
Un amalgame de termes qui porte sciemment à confusion car l’on peut, à juste titre, se demander comment au cours des siècles les églises ont contribué au développement et au respect de la personne humaine, de la liberté, de l’égalité, de la libération et de l’émancipation des femmes, de la démocratie… A ces valeurs universelles que constituent les droits inaliénables de la personne…..
Ces victoires ont été remportées par les peuples, et, le plus souvent contre les Églises, comme en attestent encore aujourd’hui les derniers propos de Benoît XVI.
À eux seuls, ces deux articles suffisent à entrer en contradiction avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen inscrite dans le préambule de notre constitution de 1946, comme avec les principes qu’elle énonce, ceux d’une République laïque et sociale; ils contredisent aussi la tradition de laïcité que l’on fera remonter à la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, reprise dans la Charte des Droits fondamentaux de L’UE.
En plus, le terme même d’« Églises » laisse trop facilement place à interprétation; d’autant que la Commission européenne, elle même, déclare que “L’Union n’est pas compétente pour décider avec quelles Églises ou non dialoguer”. Comment ne pas y déceler une allusion à peine voilée aux sectes et à la scientologie?
Sans négliger que demeure, le Chapitre II consacré aux libertés, Art 10 : 1. “Toute personne a droit à la liberté de (…) manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites”. Chapitre qui permet aux religions de porter leur prosélytisme ouvertement dans l’espace public, sans respect aucun des prescriptions de la laïcité qui renvoient la religion à la sphère privée pour préserver la paix publique.
La légitimité des pouvoirs auto-constitués
Quelle légitimité des personnages non élus, auto-désignés ou désignés par leurs seuls coreligionnaires, ont-ils pour intervenir dans une instance où s’élaborent des directives s’appliquant à tous, croyants, non croyants, athées ou agnostiques ?
D’autre part, les mêmes privilèges ne sont pas accordés aux membres de la “société civile” pour qui il est exigé d’être représentatifs.
Ce traitement de faveur fait aux religions, les plaçant hors la société civile tout en leur ouvrant grand les portes de la Res Publica est contraire au principe de la séparation de l’église et de l’état… et le mépris de la liberté de conscience est patent.
A la lecture de “La pensée enchaînée” de Susan George (Fayard -2008) qui nous montre clairement “Comment les droites laïques et religieuses se sont emparées de l’Amérique”, comment elles ont, non seulement pris le pouvoir mais surtout, pris le contrôle des esprits et de la pensée. Les adversaires de la liberté sont dans ce cas d’authentiques néo-féodaux. Ils prônent la peine de mort, un “droit à la vie” qui veut revenir sur le droit de vote des femmes, la contraception, l’avortement, la sexualité hors mariage, souhaitent la restauration d’une autorité patriarcale pure et dure, etc.
Bref, sous couvert des agissements d’une droite néolibérale pris au piège de l’électoralisme, le néoconservatisme raciste et vachard prend place et joue des coudes pour revenir au plus noir des obscurantismes de l’histoire de l’humanité. De tels reculs peuvent faire frémir d’effroi. L’idée même que, par le Traité de Lisbonne, de telles ouvertures soient faites aux pouvoirs religieux, de telles concessions institutionnelles soient gravées dans le marbre méritent sérieusement que l’on se ressaisisse sous peine de nouveaux différends civils dont l’histoire récente (Yougoslavie) et ancienne est jalonnée.
La vieille méthode du “diviser pour mieux régner” est toujours aussi vivace. Accepter de cautionner cela serait accorder un privilège éhonté aux religions et, encore une fois, bafouer la souveraineté et la liberté des peuples.
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