Violences sexistes : abus de pouvoir
- Article par Anne Flambard
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Posted on Sunday 08 March 2009, 06h00 - updated on 08/03/09 - Édito - Permalink
Tout de bleus vêtu
Sa vengeance a tout pris
Salie de son mépris
La confiance s’est tue.
En vain rechercher l’oubli
Ne plus exister, s’éteindre
Se cacher, s’aveugler
S’isoler pour ne pas feindre
Dépouillée d’identité.
Souffrance aux airs d’indifférence
Rempart de méfiance
S’interdire de plaire
Pour ne plus s’émouvoir
Ne laisser que l’amer
Fantôme illusoire
Tenir au loin l’homme
Susceptible de réveiller
Dans sa prison la femme
Aux désirs effacés.
(…)
(poème de femme)
Cette femme un jour s’est tue ; clouée au sol, recroquevillée, ses bras, seuls comme dérisoires remparts.
A une main de sa tête, une table l’éclabousse de ses morceaux, dernières échardes recouvrant tel linceul l’être déshumanisée.
Déshumanisée, non humaine, animale, chose ; objet, jouet brisé ; tas informe, désarticulée, sanguinolente ; personne, rien…
Ce n’est que des années après qu’elle a retrouvé la parole.
Une femme en meurt tous les deux jours en France.
Ici, maintenant, en France : hors ménage
260000 femmes victimes de violences sexuelles dont 130000 ont été violées.
Les violences conjugales ont causé en 2007 la mort de 166 femmes en France, soit près d’une victime tous les deux jours. En 2005 ou 2006, en France, 65 000 femmes et fillettes ont été mutilées ou menacées de l’être, et 410 000 femmes ont déclaré avoir été victimes de violences de la part d’un conjoint ou d’un ex-conjoint. Hors ménage, ce sont 260 000 femmes qui ont été victimes de violences sexuelles en 2005 ou 2006, dont 130 000 d’un viol, chiffre extrait d’un rapport de l’Observatoire national de la délinquance (OND).
Pouvoir, car il s’agit bien de pouvoir, du pouvoir qu’une personne veut prendre sur une autre, du déni de l’autre devant se conformer à ses désirs, volontés, fantasmes ; du pouvoir de dominer, de soumettre pour mieux s’approprier.
C’est le ” droit du plus fort” droit qu’exercent majoritairement les hommes sur les femmes, leur refusant le droit d’exister par elles-mêmes, d’être libres même aimantes, d’être autonomes, majeures et responsables de leurs choix, de leur vie, d’être tout simplement humaines.
Comment se considérer comme humaine quand un autre a droit de vie et de mort sur vous, quand l’autre décide à votre place de vos activités, de vos rencontres, de vos amitiés, de votre emploi du temps ; quand déroger à sa règle, une règle du moment pulsionnelle, arbitraire, injuste qui vous atteint le plus souvent par surprise, fait peser sur vous la peur des insultes, des humiliations, des coups, du viol, de la mort.
Comment se considérer comme humaine quand les hommes qui vivent à nos côtés ne nous conçoivent pas ainsi, on n’inflige pas de tels traitements à son égale, on ne s’empare pas, par la force de sa liberté la plaçant dans la position de l’esclave sur laquelle le ” maître ” a tous les droits, où nous ne sommes rien d’autre que sa propriété, où nous ne nous appartenons même plus à nous même.
Comment se considérer comme humaine au sein d’une société prônant l’assouvissement immédiat et à tout prix des désirs, de tous les désirs. Une société qui induit, tolère, favorise ces violences sexistes, cette négation de notre humanité. Quand notre corps est exposé, placardé, comme n’importe quel objet consommable, achetable, prenable. Toutes sommes avant tout coupables d’être femme ; que nous soyons voilées ou en mini jupe n’y change rien ; nous sommes toujours renvoyées à la condition d’objet de désir avant d’être considérées comme humaines, égales et libres.
Nous sommes toutes des Chahrazad, mais nous sommes AUSSI toutes des Catherine, des Anne, des Marie… Celles d’entre nous qui y ont laissé leur humanité, leur vie le savent bien, comme leurs bourreaux, elles ne vivaient pas toutes dans de ” mauvais ” quartiers, ne subissaient pas toutes le joug d’une religion ou d’une autre, n’étaient pas toutes pauvres ni peu instruites, n’étaient pas toutes issues d’un ” ailleurs ” dénigré par ignorance.
Cessons de toujours renvoyer cette horreur à ceux désignés d’office comme pire encore, pour mieux fermer les yeux sur nos tabous, nos “trous noirs ” inavouables.
NON ! Toutes les femmes, indifféremment de leur milieu de vie, de leur culture, de leur travail, de leur niveau d’instruction, de leur autonomie… sont exposées, ici, maintenant, en France… non-humaines parmi les (in?)humains.
Ni génétique, ni maladie mentale, ni découlant d’une soi-disant ” loi naturelle ” c’est toute notre société : Pouvoir social, moral et politique, religions, traditions, éducation, répartition des tâches, consommation… qui porte la responsabilité de ce sexisme. Il n’est pas acceptable que les femmes se sentent menacées en permanence juste pour ce qu’elles sont : des femmes.
PS : l’agresseur de Chahrazad a été condamné à 20 ans de prison, c’est justice mais et tous les autres ?

violences-sexistes by Anne Flambard est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d’Utilisation Commerciale-Partage des Conditions Initiales à l’Identique 2.0 France.
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Le Père Peinard · 11 March 2009, 16h53
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Jean Claude Roulin me fait suivre ce magnifique texte
dans un mail adressé ” A toutes les femmes et à leurs compagnons” !
Je corrige : ” et à toutes leurs compagnes…”
Et je le dépose dans mon blog sur le site collectif invisible.
Merci.
Cordialement
Christian de Sète -
Gdalia · 11 March 2009, 20h06
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Oui, il est beau, ce texte, et ce poème.
Je dis souvent que la cause des femmes devrait être résolue, comme celle de toutes les minorités opprimées, lorsque nous vivrons dans un monde où la solidarité sera la règle et non plus l’exploitation et la domination. Seulement, le passage en force se pratique couramment dans notre société, et l’exemple de ce type de comportement bravache et m’as-tu-vu vient du sommet de la pyramide hiérarchique.
Comme j’ai aimé la réflexion d’un camarade et ami, hier soir, qui me confiait qu’il aimait vivre avec sa compagne dans la confiance et l’harmonie, sans aucune relation pénible de rivalité ou de concurrence. Il avait eu le bonheur d’avoir été élevé ainsi. Je n’en dirais pas autant, mais ce que je peux aimer, moi aussi, vivre ainsi maintenant !
Amicalement,
Gdalia
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Cath · 17 March 2009, 21h27
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Un texte magnifique pour une vérité aussi laide.
Merci Anne. -
Le Père Peinard · 18 March 2009, 18h24
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Réponse à gdalia :
Attention, les femmes ne sont pas une minorité, mais bel et bien une Majorité
dont la majorité est opprimée !
En France, elles sont deux millions de plus que d’hommes.
En véritable démocratie, elles auraient le pouvoir…
Attention, on compte parmi elles quelques opprimeuses.
MAM par exemple, est un homme d’état comme les autres.La suite sur :
http://collectifinvisible.free.fr -
Gdalia · 20 March 2009, 11h15
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Bonjour Christian,
Tu as bien raison. En fait, qualifier les femmes de minorité n’est qu’un lapsus révélateur. Dans notre société, toute en trompe l’œil, où nous sommes censés être gouvernés au nom de “majorités”, les femmes portent, en tant que femmes, une espèce de reliquat de statut d’éternelles mineures, ne serait-ce que lorsqu’on estime qu’elles ne méritent qu’un salaire “d’appoint” ! (Remarque : tout en dénonçant cette injustice, je tiens à rappeler que je “milite” avant tout pour l’abolition de toutes les inégalités de droits, et donc pour l’abolition du salariat).
Ce que je crois, c’est que lorsque, en vraie démocratie, les minorités pourront s’exprimer pleinement et être respectées, les femmes devraient elles aussi, au même titre que les autres catégories qui sont actuellement dominées, stigmatisées et précarisées, pouvoir occuper leur place d’êtres humains membres de la communauté à part entière, selon l’équation égalitaire et libertaire :
Une personne = Une voix.
que je ne me lasse pas de rappeler, tant elle est primordiale.
Je suis parfaitement d’accord, hélas, certaines femmes valent bien certains hommes qui, encore hélas, nous gouvernent. On peut citer au tableau l’horripilante M.A.M. ou la trop célèbre Mme Thatcher, mais, trois fois hélas, on peut citer aussi des ci-devant petites caporales qui n’ont pas grand chose à leur envier au plan humain de l’ignominie plus ou moins sadique.
C’est bien pourquoi d’ailleurs, tout en étant indignée des injustices imposées par la loi du plus fort, je n’ai jamais adhéré à un mouvement uniquement féministe, d’autant que je crois qu’une véritable libération des femmes devrait aussi libérer les hommes solidairement.
Amicalement
Gdalia
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Dutron · 09 April 2009, 01h40
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Mao a écrit (Petit Livre Rouge…je crois) “La femme porte la moitié du ciel”
Mais les faits ont montré qu’il n’y croyait pas.
Encore aujourd’hui, le “Politburo” du PCC, c’est neuf personnes …NEUF HOMMES
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Netoyens · 12 May 2016, 09h00