Les chroniques de la monnaie (1)
- Article par Edrobal
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Posted on Friday 17 July 2009, 19h29 - updated on 17/07/09 - Essais - Permalink
Voici venir une série de réflexions sur le rôle de la monnaie. Voici la première de cette série. Grand merci à André-Jacques Holbecq et Thierry Rouquet qui en sont à l’origine.
Cette première chronique ressemble à une fable. Mais comme toutes les fables, elle recèle un monde d’interrogations. De quoi mettre bas, en fait, tous les a priori que les politiciens et les économistes nous rabâchent à longueur de discours ou de publications à prétention scientifique.
Nous sommes à Condé-sur-Gartempe. Son hôtel de la Gare est réputé pour ses ortolans et sa discrétion… ! Un vendredi après-midi débarque une jeune femme, d’apparence convenable, bien qu’un peu trop fardée.
Elle
réserve une chambre pour la nuit et, comme elle n’a pas de bagage,
elle laisse en acompte un billet de 100 euros, tout neuf. Puis elle
s’en va visiter la vieille ville.
Le pâtissier qui a vu la
scène dit au patron : «Ca fait six semaines que vous me devez 100
euros pour la pièce montée que j’ai livrée à l’occasion de la
communion de votre fille.» Le patron lui donne le billet de bonne
grâce.
Comme cette scène a été vue par d’autres, elle se
reproduit cinq nouvelles fois, car le pâtissier devait aussi 100
euros au minotier… qui en devait autant au garagiste… lui-même
débiteur de cette somme au boucher… qui avait à régler 100 euros
au représentant de la maison Erlida… lequel devait à son tour
acquitter sa chambre à l’hôtel de la Gare pour 100 euros.
Il
redonne donc le billet au patron de l’hôtel.
Notre Dame revient
de promenade. Elle annonce, qu’ayant fait une rencontre, elle
annule sa réservation. Ce qui arrange bien l’hôtelier qui, entre
temps, a eu une demande d’un de ses vieux clients. L˚́hôtelier
lui rend donc son billet qu’elle brûle aussitôt.
« Il était
faux », dit-elle en souriant.
Moralité de cette histoire :
Pourquoi un faux billet a-t-il été capable de catalyser autant d’échanges ?
Parce qu’un billet est de la monnaie fiduciaire (du latin fiducia : confiance). C’est exclusivement une « valeur de confiance » entre les membres d’une communauté. Dans un autre pays il n’aurait pas été accepté. Un billet faux perd « sa valeur » seulement au moment où il se révèle faux et n’est plus accepté par celui qui le reçoit. C’est celui qui le détient en dernier qui assume la perte. Dans cette histoire il n’y a pas eu de perte sauf pour la Dame de Condé qui savait de toute façon qu’il était faux.Serait-ce qu’il y a carence de pouvoir d’achat dans notre société ?
En effet la Dame de Condé, en réservant sa chambre, a accru de 100 euros la masse monétaire du village, ce qui a permis à six personne d’éteindre réciproquement leur dette pour un montant total de 600 euros. La « qualité » de la monnaie utilisée, bonne ou mauvaise, est indifférente.
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