Un souffle de vie perce encore les masques
- Article par Gdalia Roulin
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Posted on Monday 27 April 2009, 17h15 - updated on 27/04/09 - Cultiver - Permalink
Voici un texte écrit à l’occasion d’un au revoir à une grand-mère qui souffre de la maladie d’Aloïs (Alzheimer).
Nous pouvons sans crainte le dédier aussi à toutes les personnes, dites plus ou moins gravement malades ou handicapées, qui sont traitées comme des choses, comme des meubles ou des valises que l’on déplace sans s’occuper de leurs désirs, et encore moins de leur volonté…
Ici aussi, il s’agit de respecter chaque être humain, chaque individu…
Je demande à ceux qui m’aiment, à mes vrais amis,
de ne jamais me prendre pour un objet sans vie.
Même si j’ai l’air tout avachi d’un vieux chiffon,
si j’ai le regard vague, sans aucune expression,
si mon feu semble éteint et gris, tombé en cendres,
si je ne passe plus mes journées qu’à attendre,
sans ressort et sans joie, et sans rien que l’on voie
de ce qui vibre encor au plus profond de moi.
Derrière ce masque lisse vous ne pouvez savoir
ce qui remue ou pas, invisible aux regards,
si je comprends ou non le sens de vos paroles,
et si je suis touchée par tous vos jeux de rôles.
Ne me claquemurez pas d’un esprit étroit
dans une solitude atroce et sans espoir.
De l’amour à grands flots, c’est cela comme l’eau
qui peut donner la vie à l’herbe mise en pot.
On ne sait quand, à quel propos imprévisible
surgira l’émotion, pour l’heure inaccessible,
ni les idées que l’on agite au fond du cœur
quand nul frisson ne paraît plus à l’extérieur.
Ne m’enterrez donc pas vivante. J’ai encor soif
d’amour. Osez donc me choyer avec audace !
Même si je ne sais plus ni chanter, ni sourire,
si je ne dis plus rien, sans pleurer, sans un rire,
parlez-moi quand-même de vous, de vos amours,
donnez-moi de vraies nouvelles du temps qui court.
Racontez-moi vos souvenirs, et les histoires
de vos petits, des grands aussi, de vos déboires
et de vos joies, de vos bonheurs au fil des jours.
N’ayez pas peur. J’ai tant désiré votre amour.
Prenez-moi pour confidente sûre et secrète,
partagez tout avec moi, je serai discrète.
Car tout au fond de moi, par nature, reste enfouie,
cachée, presque effacée, reprenant parfois vie,
celle qui vous aima, et qui vous aime encor,
que vous méconnaissez, fidèle jusqu’à la mort.
Gdalia
Le lundi 23 mars 2009.
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