Désert ou brousse ?
- Article par Edrobal
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Posted on Monday 28 September 2009, 18h56 - updated on 28/09/09 - Édito - Permalink
Le désert idéologique français décrit par Alain Duhamel dans Libération existe-t-il vraiment ? S’il n’y a plus un seul maître à penser comme le furent Aron, Sartre ou Camus, s’il n’y a plus, en politique, d’intellectuels phares sur le modèle d’Althusser, Furet, Braudel ou Foucault, il y a aussi un foisonnement de réflexion hors des cercles intellectuels patentés.
C’est plutôt d’une brousse où il est difficile de se retrouver dont on devrait parler. Les mots doctrine ou idéologie sont devenus tabous et, surtout, les médias ayant perdu toute crédibilité, les nouvelles idées circulent surtout sur Internet. Cela induit plusieurs problèmes :
Ces idées circulent en circuit fermé dans des cercles très restreints et n’atteignent que trop rarement le citoyen lambda, celui qui justement est en manque de repère.
Ces idées sont atomisées et parcellaires alors que l’on a besoin d’imaginer un nouveau paradigme qui prenne en compte tous les aspects de la crise que nous vivons. Et c’est en cela que manquent des idéologues capables de développer une pensée systémique.
Mais, avons-nous besoin pour cela d’un nouveau maître à penser ? Sommes-nous incapable de penser par nous-même ? D’ailleurs, ces maîtres à penser ont-ils influé sur le monde d’une quelconque manière ?
Si «La politique, ce sont les idées», alors, il faut nous réconcilier avec la politique et les idées, ne plus croire que la politique commence et fini avec les foucades d’un Sarkozy, les éternelles chicaneries du PS et les pitoyables gesticulations de la gauche de la gauche.
L’Internationale – la chanson – célébrait la “lutte finale”. Aujourd’hui, il n’y en a plus que pour les “luttes” au pluriel et c’est assez symptomatique. D’abord, on a laissé tombé le “final” parce qu’on a, en réalité, aucun espoir – ni envie peut-être – de voir triompher ses idées. Ensuite, on est passé au pluriel pour montrer que l’on n’est pas seul. En fait, ce pluriel ne fait que montrer avant tout l’atomisation des mouvements contestataires et leur incapacité à se fédérer.
Par ailleurs, le fait de vouloir se cantonner à des luttes locales montre également leur impossibilité à prendre de la hauteur et à occuper le terrain idéologique aujourd’hui monopolisé par les droites libérales. Il faut en finir avec ce mythe des “luttes”. Croire que des actions locales limitées, quelle que soit leur envergure, pourront amener à la solution de cette crise est une dangereuse illusion qui ne peut mener qu’à un nihilisme désespéré avec son corolaire : un régime autocratique et autoritaire. Et comment espérer faire tomber le capitalisme sans avoir d’alternative à proposer ? Qui peut croire qu’un nouveau système va émerger soudain du désert idéologique, un système qui ne soit pas pire que le précédent ?
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Lotaire · 09 October 2009, 10h06
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Il y a un nouveau paradigme à clarifier et en train de se dessiner. Celui d’un monde ou l’homme vivra plus longtemps, plus jeune, ou il y a aura moins de reproduction biologique, une population en diminution progressive ce qui induit une autre forme d’organisation sociale : filiation, héritage, reproduction sociale, classe sociale, accumulation à transmettre, famille, appropriation, travail, hierarchisation etc..
Tout cela bascule progressivement.Mais, d’une, laissez moi le temps de publier :)) et de deux, comprenons que la plupart des intellectuels contemporains sont des individus intégrés, acculturés au progrès, à la croissance, à une vie quotidienne normée de longue date, ou, pour les plus éveillés, au moins à la famille, la propriété individuelle, au droit..
Penser l’humanité à venir, dont l’importance du changement n’a pour précédent que le passage de la prédominance néandertalienne à celle du sapiens, est tout simplement impossible pour qui n’est pas à la fois en dedans de notre temps et en dehors de l’humanité elle-même.
Mais l’étape précédente a pris plusieurs milliers d’année alors que celle présente ne s’étale que sur deux à trois siècles.Il ne s’agit donc plus de repérer des ‘maîtres à penser’, vieille formule scolastique qui montre assez sa filiation longue et épuisée mais des jalons, des points de repère qui font sens et synthèse progressivement. C’est bien la fin de la période ‘hiérarchisée’ de notre espèce qui dilue la ‘figure de l’intellectuel’…
Il suffit pour l’instant que germent des bribes, des filaments dans les esprits. Des choses lues, oubliées, ignorées, méprisées mais qui germent par la force de la nécessité… sans aucun hasard.
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Anne-F · 12 November 2009, 13h04
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en attendant le temps nécessaire pour publier, qq bribes, filaments: http://www.netoyens.info/index.php/…