Pandémie ? La vérité sur la "Situation actuelle"
- Article par Éric Jousse
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Posted on Saturday 28 November 2009, 06h00 - updated on 28/11/09 - Documents - Permalink
Invitée jeudi 12 novembre au matin sur une radio périphérique, madame Roselyne Bachelot estimait qu’elle avait “de la chance de se faire vacciner” contre la grippe A-H1N1. “C’est une chance de se faire vacciner contre cette grippe, parce qu’elle peut être dangereuse. Il faut donc se faire vacciner”, avait-elle insisté.
“Le seuil pandémique est franchi, avec 360 000 consultations par semaine”. Et de rassurer: “Les vaccins sont absolument surs. Ils ont déjà été utilisé par 100 000 professionnels à l’hôpital, soit 20% maintenant et ce nombre augmente de 10 000 chaque jour.” “Les bénéfices de la vaccination sont immenses”, a martelé Roselyne Bachelot. (Le 12/11/2009 - 08:36 - “J’ai de la chance” - JDD) - [mise à jour le 29/11/09 15H00]La “situation actuelle”
Nous avons reconstitué la citation complète : “Le seuil pandémique est franchi avec 360 000 consultations par semaine comme nous l’avons vu la semaine dernière, le seuil pandémique est atteint. Il est même largement dépassé.” Martelé, en effet !
Or, le site officiel de la campagne vaccinale le dément formellement. On en veut pour preuve la rubrique “Situation actuelle” qui affirme bien le contraire :
Il n’y a donc pas “pandémie” dans la “situation actuelle”. Si nous étions en situation pandémique nous serions officiellement en situation de niveau 6 comme l’indique le tableau officiel visible depuis la page d’accueil du site “pandemie-grippale.gouv.fr”, un tableau qui prévoit 7 situations différentes traduisant l’évolution possible de l’activité virale dans le temps, un tableau notons le bien qui est différent d’une échelle graduée telle que la bien connue échelle de Richter qui mesure l’intensité d’un séisme au moment précis où il a lieu.“Nous sommes en situation 5A : Transmission interhumaine d’un virus grippal dans au moins deux pays non limitrophes d’un même continent”.
Sur ce site dont le nom affiche depuis sa création une “pandémie” - comme une prédiction auto-créatrice - nous voyons qu’elle n’est pourtant toujours pas d’actualité selon les critères même de l’Organisation Mondiale de la Santé :
Dans la semaine qui a suivi le lancement officiel de la campagne vaccinale, du 16 au 22 novembre, “quelque 730 000 personnes ont vu un médecin pour la grippe A-H1N1 (…) soit 72% de plus que la précédente”, affirmait hier le JDD (27/11/09) dans un article qui titrait non plus sur la pandémie mais… sur l’épidémie : “Grippe A: L’épidémie s’accélère” !
On sait, comme le traduit le tableau officiel, ce que peut vouloir dire une “extension des cas”, moins ce que peut être une “épidémie qui s’accélère”… comme si un virus savait prendre de la vitesse. Qu’importe, ce qu’il faut retenir c’est que “730 000 personnes ont vu un médecin pour la grippe A-H1N1” quand la même semaine 825 000 [1] personnes consultaient pour une “Infection Respiratoire Aiguë” soit le plus souvent un gros rhume… et subissaient une bonne dose de panique organisée comme il l’est suggéré dans : “Y’a la télé qu’a dit… ”?
La pandémie entre communication et information
Quelle est donc la situation actuelle réelle ? Nous avons d’un coté un indicateur officiel qui nous dit que nous n’avons jamais été en situation de pandémie, de l’autre un gouvernement qui n’a pas hésité à utiliser un terme plutôt qu’un autre en dépit de l’indicateur lui-même. Etrange situation tout de même de voir sur un site gouvernemental nommé “pandemie-grippale.gouv.fr”, un indicateur qui n’est jamais monté jusqu’au niveau caractérisant précisément une situation pandémique (niveau 6).
Nos journaux en revanche ne semblent pas vouloir trop céder au poids des mots car en effet, comme on vient de le voir, ils ont un sens. Mais si une pandémie n’est pas une épidémie, une épidémie “qui s’accélère”, si elle reste une épidémie, pourrait faire autant sensation qu’une pandémie… qui pourrait venir… comme le prévoit la situation 6. Espérons qu’il n’en sera rien et pour ne pas rester totalement inactif, lavons-nous comme il se doit les mains avec un bon savon de Marseille, ça devrait avoir toute son efficace !
Nos journalistes auraient donc perçu la différence et en auraient tenu compte. Mais dans quel sens ?… alors que, si nous prenons un instant du recul pour regarder un peu ce qui se passe chez nos voisins européens, non seulement il n’y a pas pandémie mais l’épidémie, dans le même temps qu’elle semble mettre “le pied au plancher” ici, elle “ralentit” en Belgique et “baisse” en Angleterre ! [2] : l’épidémie comme un certain nuage de 1986 ?
Une grippe en tout cas à laquelle s’est intéressé de près, “Philippe Dubiau, chef du service «situations d’urgence et organisation de crise» de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), établissement public chargé de la recherche et de l’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques.” (“La grippe A, un terrain d’essai en cas de catastrophe nucléaire” - Mediapart - 12/11/09).
De la morbidité et de la mortalité réelle
Loin de cette pandémie qui aura “média-choqué” tout le monde, l’observation sereine et désintéressée de la situation rend compte de la présence d’une épidémie tout à fait réelle de grippe A-H1N1 dont la morbidité (la virulence qui rend malade), certes importante, reste encore en pleine période de pic que nous traversons en cette fin de mois de novembre, moins importante que les effets des pathologies respiratoires classiques.
Quant à la mortalité (la virulence qui tue), selon les chiffres officiels à notre disposition, la grippe A-H1N1 apparaît 30 fois moins mortelle que la grippe saisonnière, une grippe saisonnière dont les victimes annuelles (2 à 5 000 par an) n’ont jamais fait l’objet d’autant d’assiduité gouvernementale et d’attention médiatique. Devant une telle situation, sachons demeurer mesurés et raison garder étant bien entendu qu’une vaccination qui reste un acte médical sérieux n’est fondée que dans la logique de prévention.
Se vacciner alors que nous avons très probablement déjà été en contact avec le virus de la grippe A-H1N1, en 1918, 1948, 1977/78 ou même en 2009, que l’on ait déclaré la maladie ou non, n’a aucun sens compte tenu des risques encourus inhérents à la vaccination en général et à la prise d’un des vaccins contre le H1N1 2009 non muté en particulier, tous entachés de doutes persistants quant à la qualité de leurs développements.
Reste les personnes réellement à risque. Hormis les femmes enceintes et les enfants en bas âge mais surtout les personnes immuno-déprimées, nous attendons toujours que l’on nous dise quelles autres catégories de personnes sont réellement mises en danger par ce virus toujours pas “pandémique”.
Quoiqu’il en soit, le nombre ne peut tout simplement pas, ni de près ni de loin, s’approcher des 65 millions de concitoyens visés par les 94 millions de doses [3] et du milliard et quelques de masques, pour la plupart inadéquats, qui ont été achetés par le gouvernement de monsieur Sarkozy. Nous attendrons la fin de l’hiver et nous verrons si plus de 10% des doses achetées auront été utiles alors que tout indique que ce sera plutôt moins, doses jetées comprises… au prix moyen de 8 € HT la dose ! 10% auraient d’ores et déjà été passées par pertes (pour les contribuables) et profits (pour les laboratoires). Faites le calcul : 94 millions de doses : 10 x 8 = 75,2 millions d’euros hors taxes !
Conclusion (provisoire)
Le moment venu, les comptes devront bien être effectués, contrats et tarifs en main. Et comme l’a toujours réclamé le président de la République, pour lui comme pour ses collaborateurs dont les effectifs et les salaires flambent, c’est sur les résultats que nous jugerons.
Mais d’ores et déjà, on ne peut pas douter qu’en cette période de crise sans précédent, à l’heure où l’on annonce pour cette fin d’année 900 000 chômeurs en fin de droit, monsieur Seguin, Premier président de la Cour des comptes, trouvera là matière à sortir sa calculette et user rapidement de sa brillante comprenette personnelle avec l’aide de ses services.
Il en aura bien besoin pour faire le clair dans cette affaire, cette énorme campagne vaccinale, cette énormité et peut-être bientôt, l’avenir le dira, ce scandale. Gageons qu’à l’heure du bilan, ils sauront garder à l’esprit le contenu des dossiers de l’amiante, du sang contaminé, de la vache folle ou de la canicule de juin à août 2003 et les réalités injustifiables que l’on y a découvert pour faire justice d’autant de gabegie. Et puisqu’en matière de vaccination il est nécessaire de prendre du recul, on verra ensuite la question de l’incurie et de la prise de risque sur la vie des gens (art. 223-1 du code pénal).
[1] 1 537 000 (IRA) moins 712 000 (H1N1)
[2]
- Grippe A/H1N1: nouveau ralentissement de l’épidémie en Belgique
- Les cas de grippe A/H1N1 baissent en Angleterre
Mais la France vient immédiatement après dans cet étrange classement avec 94 millions de doses pour 65 millions d’habitants puis, loin derrière, vient dans cette cours des excessivement grands, l’Allemagne avec 50 millions de doses (cf. contrat secret avec GSK) pour 82,5 millions d’habitants, une Allemagne qui apparemment n’a pas osé ou ne s’est pas sentie obligée de se porter acquéreur d’un nombre de doses supérieur au nombre de ses habitants.
Références :
- Le virus du pouvoir | Le livret (pdf) | L’enquête (en cours) |Document(s) attaché(s) :
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