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Europe écologie : voyage au bout du spectacle

Geneviève Confort-Sabathé

« Toute la vie des socié­tés dans les­quel­les règnent les con­di­tions moder­nes de pro­duc­tion s’annonce comme une immense accu­mu­la­tion de spec­ta­cles. » (Pre­mière phrase de La Société du Spec­ta­cle de Guy Debord-1967).

Et dire que pen­dant des années, la grande Domi­ni­que a passé son temps à faire de l’idéo­lo­gie com­plexe, en répé­tant à l’envi, « je suis trop rouge pour les Verts, trop verte pour les Rou­ges ». La for­mule pour que l’élec­teur n’y voit que du bleu était pour­tant sim­ple, il suf­fi­sait d’équi­per la gaule à gogos, de leur­res fluo­res­cents.

Cer­tes, la poli­ti­que y perd un peu mais la société du spec­ta­cle en sort gran­die. Pour les Euro­péen­nes, les têtes de lis­tes d’Europe Eco­lo­gie se sont mises en mode cinéma de comé­die à visée fami­liale. Europe Eco­lo­gie a pro­duit un polar, un vau­de­ville, une tragi-comé­die…

Les pro­fes­sion­nels des grands médias n’en espé­raient pas tant. Eux qui détes­tent fati­guer leurs neu­ro­nes se voyaient con­traints de pren­dre con­nais­sance des pro­gram­mes poli­ti­ques, de décor­ti­quer les dif­fé­rents trai­tés (en par­ti­cu­lier le traité honni, celui de Lis­bonne), d’étu­dier le fonc­tion­ne­ment des ins­ti­tu­tions euro­péen­nes. Bref, ils s’apprê­taient à faire leur tra­vail de média­teurs péda­go­gi­ques. Heu­reu­se­ment, Europe Eco­lo­gie s’est mise à faire le spec­ta­cle. Les éli­tes média­ti­ques ont pu recom­men­cer à tra­quer le dia­ble dans les détails.

Quoi de plus exci­tant, en effet, que de voir, un Ben­dit, un exploi­tant (média­ti­que) de menot­tes et une magis­trate, flin­gueuse de VIP, se tré­mous­ser sur la même scène, devant un par­terre de bobos pari­siens, fouet­tés par l’exci­tante com­bi­nai­son. Ce polar décalé façon « Y’a-t-il un flic pour sau­ver l’éco­lo­gie ? », voilà de quoi rin­gar­di­ser les adver­sai­res.

Et pour ceux qui n’aiment pas le polar, le vau­de­ville n’est jamais loin. Tous les jour­naux s’y sont mis pour huma­ni­ser l’âpre magis­trate à lunet­tes. Et de la décrire en balade avec Dany, dans les rues de  Paris. « J’ai tou­jours pensé qu’avec un vélo, une tente et une canne-à-pêche, on est la plus heu­reuse des fem­mes ». En voilà au moins une qui ne fait même pas sem­blant de faire de la poli­ti­que. On est dans « Vacan­ces romai­nes » mais à Paris !

Pré­sen­tée comme le « joker de Dany », Eva Joly avait déjà pris lan­gue avec Bay­rou, en juin 2008, mais elle s’est laissé séduire par son « envie » d’être dépu­tée euro­péenne. Les Verts ne sont que l’ins­tru­ment de cette envie comme elle s’en est expli­quée devant les médias sub­ju­gués. «Je suis parmi les dix per­son­nes au monde qui con­nais­sent ce monde des mul­ti­na­tio­na­les et des ins­ti­tu­tions mul­ti­la­té­ra­les, je veux por­ter ces dos­siers à Bruxel­les. » Eva va à Stras­bourg…pour se réga­ler ! A 66 ans, elle n’allait pas atten­dre que le Modem devienne une force poli­ti­que.

C’est là qu’inter­vient la tragi-comé­die. Bay­rou et Dany s’affron­tent lors d’une émis­sion télé­vi­sée en s’insul­tant comme de vul­gai­res came­lots : « Mina­ble ! », « pédo­phile ! » « Ami de Sarko ! ». Cher­chez l’intrus ! Le public rigole, il voit ça, tous les jours, sur les écrans. Chez Ruquier, par exem­ple, où l’atta­que per­son­nelle cons­ti­tue l’essen­tiel du spec­ta­cle. D’ailleurs, la preuve que l’accro­chage ver­bal n’était que du vent, le len­de­main sur France-Inter, Dany, l’insulté pas bégueule, expli­que qu’il avait sou­haité que Ségo­lène fasse alliance avec Bay­rou, pour la Pré­si­den­tielle, et qu’après les Euro­péen­nes, il fau­dra bien que tout le monde se reparle. 

Coincé entre Dany et Eva, José, le mous­ta­chu volon­taire, n’est pas à plain­dre. La pipe gaillarde, il bar­bote dans le mari­got avec délec­ta­tion. C’est que l’exploi­ta­tion des res­sour­ces du par­le­ment euro­péen lui assu­rera une retraite autre­ment plus con­for­ta­ble que l’exploi­ta­tion de res­sour­ces agri­co­les. Il ne se réclame plus vrai­ment de l’extrême gau­che, il se sou­vient, à peine, d’avoir fait cam­pa­gne pour le Non mais il zouke, devant les camé­ras, sans même enfi­ler une cagoule.

Ceux qui refu­sent de val­ser avec les pan­tins, peu­vent tou­jours boy­cot­ter les élec­tions euro­péen­nes. Il ne s’agit pas de dire NON à l’Europe mais NON à cette Europe, celle du spec­ta­cle et de la dépo­li­ti­sa­tion.

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