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Évacuation de la Bourse du Travail de Paris

Aver­tis­se­ment : ce texte, publié sur Bel­la­cio le 30 juin au matin, en a été retiré très peu de temps après. Leurs auteurs ne se sont pas nom­més mais pré­ci­sent en nota bene :

NB : Ce texte a été rédigé par le recueil d’obser­va­tions et par un tra­vail d’enquête sur les lut­tes des sans-papiers depuis plus de deux ans. Pré­sence sur les lieux, par­ti­ci­pa­tions, entre­tiens ont fourni un ensem­ble de maté­riaux. Ces recher­ches étaient ini­tia­le­ment pré­vues pour un tout autre objec­tif, l’actua­lité a poussé les enquê­teurs à rédi­ger ce texte. La pré­ci­pi­ta­tion des der­niers évé­ne­ments ne peut don­ner la garan­tie de pré­ci­sion des élé­ments recueillis et véri­fiés depuis deux ans. Il n’en demeure pas moins que ce texte a été rédigé avec des obser­va­tions véri­fiées et/ou direc­te­ment vécues. Il ne pré­tend pas être un docu­ment de recher­che, il est un texte d’opi­nion pro­duit pas des cher­cheurs et obser­va­teurs enga­gés. On ne peut cepen­dant que sou­hai­ter qu’il par­ti­cipe ulté­rieu­re­ment au débat et à la recher­che.

Retour sur un fiasco pro­grammé

Après près de 14 mois d’occu­pa­tion des locaux d’une par­tie de la Bourse de Tra­vail de Paris par une orga­ni­sa­tion sans-papiers, la CGT a fait volte face et orga­nisé elle-même une expul­sion qui s’est ter­mi­née par une inter­ven­tion des CRS.
L’Union Dépar­te­men­tale de Paris s’était par­ti­cu­liè­re­ment inves­tie sur la ques­tion des sans-papiers et vic­time de son enga­ge­ment mal suivi au niveau natio­nal et même régio­nal, une orga­ni­sa­tion la met­tant en demeure d’aller plus loin qu’elle ne le fai­sait et orga­ni­sait depuis le 2 mai 2008 l’occu­pa­tion de la prin­ci­pale annexe de la Bourse du tra­vail, lieu où siège d’impor­tan­tes orga­ni­sa­tions de la Cgt notam­ment l’Union Dépar­te­men­tale de Paris.

À ce jour, la Cgt de Paris est elle-même expul­sée de ses pro­pres locaux par la Mai­rie de Paris, ce qui sem­ble se faire dans une con­jonc­tion d’inté­rêts de la mai­rie, la pré­fec­ture et la direc­tion natio­nale de la CGT.

La Bourse occu­pée puis vidée par des CRS

Libé­ra­tion de la Bourse du tra­vail de Paris, sous cette for­mule solen­nelle se cachait depuis août 1944 un évé­ne­ment fêté de plus en plus con­fi­den­tiel­le­ment, pas n’importe quel évé­ne­ment, celui de la reprise par les mili­tants de la Bourse fer­mée depuis le début de la défaite de 1940 et la dis­so­lu­tion des syn­di­cats par le régime de Vichy. Une gerbe de fleurs, un dis­cours géné­ra­le­ment lu par un mili­tant de la Cgt des Ser­vi­ces Publics pari­siens, un pot du sou­ve­nir.

Depuis ce mer­credi 24 juin 2009, le terme est repris par cer­tains, usurpé diront d’autres… Edgar Fis­son, maî­tre de la Com­mis­sion Admi­nis­tra­tive de la Bourse du tra­vail, organe de direc­tion de cet éta­blis­se­ment géré par les syn­di­cats sous auto­rité de l’Hôtel de Ville, n’a pas hésité à repen­dre ce terme pour nom­mer la reprise de la Bourse aux sans-papiers et l’orga­ni­sa­tion qui l’occu­pait grâce à une inter­ven­tion con­jointe ou con­cur­rente d’un ser­vice d’ordre impro­visé et de la police. Une cin­quan­taine de mili­tants, une milice pri­vée diront d’autres, triés sur le volet et 200 CRS, des dizai­nes de véhi­cu­les pour encer­cler le bâti­ment his­to­ri­que des lut­tes ouvriè­res pari­sien­nes, son annexe, cons­truite entre deux guer­res en plein déve­lop­pe­ment du syn­di­ca­lisme.

Reve­nons sur cet évé­ne­ment, l’occu­pa­tion de la Bourse. Ce n’est pas la pre­mière, une pré­cé­dente occu­pa­tion en 2008 avait duré trois mois, A l’ini­tia­tive du pit­to­res­que 9e col­lec­tif de sans papiers d’ins­pi­ra­tion liber­taire, cette occu­pa­tion s’était sol­dée par une expul­sion sans heurts à la veille de Pâques. Trois mois à ne rien négo­cier et pres­que rien échan­ger avec les syn­di­cats mais à deman­der un enga­ge­ment plus signi­fi­ca­tif des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les sur la ques­tion des tra­vailleurs sans papiers.

Cette expul­sion avait d’ailleurs un peu coûté en remise en ques­tion pour le col­lec­tif con­cerné.

La CGT et les sans-papiers

Une remise en ques­tion sans doute un peu con­ta­gieuse, moins d’un an plus tard, l’Union Dépar­te­men­tale CGT de Paris s’enga­geait bru­ta­le­ment et pra­ti­que­ment sans débat interne et encore moins natio­nal sur la con­di­tion des sala­riés embau­chés en par­faite con­nais­sance de cause par des employeurs en besoin de main d’œuvre bon mar­ché et mal­léa­ble (enfin… plus que la moyenne).

Com­men­çait alors une opé­ra­tion orga­ni­sée et inat­ten­due: des mili­tants de l’Union Dépar­te­men­tale « inves­tis­sent » le res­tau­rant la grande Armée et y res­tent quel­ques semai­nes dans des con­di­tions dérou­tan­tes: mili­tants des syn­di­cats de Paris ou de ban­lieue, mili­tants PCF mais pas seu­le­ment, inter­ven­tions spo­ra­di­ques de mem­bres de l’asso­cia­tion Droits Devant s’ins­tal­lent dans la ter­rasse cou­verte de l’éta­blis­se­ment avec les cuis­tots sans-papiers. À côté de cela, la clien­tèle se fau­file et s’ins­talle en salle et par­fois avec la lutte en ter­rasse comme spec­ta­cle. On se par­tage du sau­cis­son sous le regard en sur­plomb tan­tôt curieux, tan­tôt indif­fé­rent du client dégus­tant sa darne de sau­mon à la purée de bro­co­lis.

Cette lutte se ter­mine avec des régu­la­ri­sa­tions et un pre­mier coup de semonce au patro­nat con­cerné et à l’Etat. Mais c’est aussi un nou­veau nom qui émerge de la CGT, les noms de grands diri­geants con­fé­dé­raux sont con­nus, les noms de per­ma­nents con­fé­dé­raux hors le sérail auto­risé le sont moins.

Le pre­mier, Ray­mond Chau­veau, est un mili­tant sorti de l’ombre, inconnu du public, sorti (dans tous les sens du terme) de la RATP. Il se retrouve à la tête de cette lutte et ceci prin­ci­pa­le­ment de sa pro­pre ini­tia­tive au gré de con­tacts et d’enga­ge­ments per­son­nels sur la ques­tion.

Ray­mond n’est pas un mili­tant PCF, il est un res­pon­sa­ble du PCOF, Parti Com­mu­niste Ouvrier de France, con­fi­den­tielle orga­ni­sa­tion maoïste fran­çaise implan­tée dans le tiers-monde et ayant quel­que peu cons­truit son influence parmi des intel­lec­tuels afri­cains en situa­tion de tra­vailleurs sans-papiers à Paris comme en pro­vince.

Ray­mond jon­gle sur deux tableaux: pas dans le sérail PCF ten­dance alliance avec le PS ni mem­bre du PS en pleine con­quête de la direc­tion con­fé­dé­rale de la CGT. Il mar­che sur des œufs. Car être per­ma­nent con­fé­dé­ral oppose des talents de diplo­ma­tie et des capa­ci­tés à pré­voir le ris­que de tom­ber en dis­grâce. A la cin­quan­taine tas­sée avec un long CV à la CGT, mieux vaut ne pas se retrou­ver au chô­mage…

Il a cons­truit comme il a pu un appa­reil asso­cia­tif et mili­tant autour de la CGT avec l’asso­cia­tion DROITS DEVANTS.

Ray­mond fait donc sa tache, il lutte pour les sans-papiers comme on l’auto­rise à le faire. On ne bous­cu­lera pas l’appa­reil dans son ensem­ble, on sou­tient des lut­tes auto­ri­sées par les auto­ri­tés con­fé­dé­ra­les, on mar­gi­na­lise les autres.

On s’est allié quel­ques temps plus tôt lors de l’action pour le res­tau­rant la Grande Armée avec une asso­cia­tion ; elle a une carac­té­ris­ti­que: elle s’occupe des sans papiers mais n’est pas diri­gée par eux. Elle est pilo­tée par le PS [1], il s’agit de DROITS DEVANT. Ce choix fera grin­cer dans les milieux de sans-papiers qui se sen­tent mis à l’écart d’une lutte qui les con­cerne.

Au plan Con­fé­dé­ral, c’est Fran­cine Blan­che qui va réel­le­ment mener la bar­que, com­mu­niste et per­ma­nente con­fé­dé­rale, elle est dans la ligne et reprend les cho­ses en main quand Ray­mond n’est plus en odeur de sain­teté. Un dis­po­si­tif de régu­la­ri­sa­tion ins­ti­tué à la fois par la lutte et par les pra­ti­ques pré­fec­to­ra­les va voir le jour.

On donne la prio­rité à cer­tains tra­vailleurs sans papiers, ceux répon­dant fidè­le­ment à des cri­tè­res aléa­toi­res mani­pu­lés par la pra­ti­ques pré­fec­to­ra­les loca­les: ici les inté­ri­mai­res seront régu­la­ri­sa­bles, là ils ne le seront pas. Ici les ques­tions de vie pri­vée et fami­lia­les seront pri­ses en compte, là elles ne le seront pas… On mélange gaie­ment les com­pé­ten­ces ter­ri­to­ria­les: tan­tôt le lieu de rési­dence tan­tôt celui de l’entre­prise qui emploie.

Ceci com­pli­que la tâche des mili­tants qui se trans­for­ment en fins limiers de pra­ti­ques admi­nis­tra­ti­ves diver­ses et com­plexes.

Pen­dant ce temps, la direc­tion natio­nale de la Cgt évite le bras de fer avec l’État, on n’en a ni l’envie ni la force.

Aucun employeur ne sera inquiété ni pour­suivi pour embau­che de sans-papiers. Mani­fes­te­ment, l’épo­que d’une CGT qui fait peur par ses lut­tes est déjà loin­taine, le rap­port de force n’y est plus, d’ailleurs des employeurs appel­lent eux-mêmes la CGT pour pré­ve­nir les dif­fi­cul­tés et être aidés à la régu­la­ri­sa­tion de leurs sala­riés.

L’Union Dépar­te­men­tale de Paris est la plus enga­gée de tou­tes dans cette affaire. Depuis la lutte du res­tau­rant la Grande Armée, l’enthou­siasme a saisi des mili­tants, rap­pelé d’autres à des lut­tes qu’on avait sou­vent oubliées ou dont on rêvait encore: on occupe des chan­tiers, des maga­sins, on se fait cas­ser la gueule par des jeu­nes voyous d’extrême droite à Paris 13e, des étu­diants de l’Uni­ver­sité de Tol­biac vien­nent sou­te­nir la lutte ici et là.
Retrai­tés, jeu­nes, mili­tants, voi­sins, étu­diants se retrou­vent le temps d’une lutte. Nul ne sait encore ce que devien­dront ces ren­con­tres.

Paral­lè­le­ment, une autre his­toire s’écrit: cel­les des orga­ni­sa­tions de sans-papiers qui n’y trou­vent pas leur compte.

Depuis des années, ayant aban­donné le pro­jet du syn­di­cat par­tout et pour tout, la CGT s’est ouverte au fil des ans et au fil de sa perte d’influence, elle a des « par­te­nai­res », Droits Devant en l’occur­rence, asso­cia­tion tenant lieu d’orga­ni­sa­tion d’aide aux sans-papiers, elle rem­place sim­ple­ment les vrais mou­ve­ments de sans-papiers. Or depuis long­temps et notam­ment depuis 1991, le fameux cam­pe­ment de Vin­cen­nes qui vit émer­ger sans-papiers et sans-logis dans une pro­blé­ma­ti­que com­mune, les col­lec­tifs se mul­ti­plient. Un d’entre eux se fait appe­ler la coor­di­na­tion  Sans-Papiers 75 ; elle dit regrou­per 3 col­lec­tifs et décide d’occu­per l’annexe de la Bourse du Tra­vail où se loge entre autres l’Union Dépar­te­men­tale de Paris.

Nous som­mes le 2 mai 2008, au len­de­main d’un pre­mier mai his­to­ri­que en terme de mobi­li­sa­tion et impres­sion­nant en ce qui con­cerne le nom­bre de tra­vailleurs sans-papiers venu sou­te­nir et défi­ler avec la CGT de Paris…

On parle alors de la pos­si­bi­lité d’un grand mou­ve­ment natio­nal des sans-papiers qui font tour­ner l’éco­no­mie natio­nale et qui seraient peut-être un mil­lion dans le pays.

L’État et la pré­fec­ture ne voient pas cela d’un bon œil dit-on alors. La Cgt natio­nale se sen­ti­rait débor­dée. À l’Union Dépar­te­men­tale, on ne voit rien venir, on s’emballe.

La Bourse est prise

La Coor­di­na­tion Sans-Papiers 75 dit venir à la Bourse du tra­vail en y ayant été envoyée par la pré­fec­ture qui n’aurait pas voulu de ses mille dos­siers (en fait 30 pré­sen­tés seu­le­ment ce 2 mai). Cette orga­ni­sa­tion reven­di­que 1000 dos­siers de tra­vailleurs sans papiers, elle ne les mon­trera jamais, elle en reven­di­que le con­trôle, elle estime avoir été tra­hie par la CGT qui ne l’a pas mêlée à la lutte au pro­fit de l’asso­cia­tion Droits Devants. Sis­soko, chef incon­testé de cette orga­ni­sa­tion de sans-papiers en appelle à l’Union Dépar­te­men­tale CGT de Paris pour exi­ger une naïve et impro­ba­ble grève géné­rale et natio­nale. La CGT qua­li­fié de « syn­di­cat mon­dial» doit pou­voir con­duire un mou­ve­ment d’ampleur sur cette ques­tion. Il ignore mani­fes­te­ment qu’il ne s’adresse qu’à le Union Dépar­te­men­tale iso­lée et en voie d’être mar­gi­na­li­sée. Il l’igno­rera jusqu’au der­nier jour.

Le com­mu­ni­qué de l’Union Dépar­te­men­tale tombe avec un ton d’abat­te­ment et d’affo­le­ment : « la Bourse du Tra­vail occu­pée par 1000 sans-papiers ». Le nom­bre est exa­géré mais les con­sé­quen­ces sont encore insoup­çon­nées. Les enjeux et les erreurs de cal­culs vont l’empor­ter sur tout le reste.

Les asso­cia­tions se pré­sen­tent, sou­tien­nent l’occu­pa­tion. La mai­rie du 3e (Verts et majo­rité muni­ci­pale de Paris) fait des pro­mes­ses de sou­tien en maté­riel et four­nie de quoi s’abri­ter dans la cour. Rap­pe­lons que la Bourse est bâti­ment muni­ci­pal. Une jeu­nesse étu­diante et mili­tante vient, une lutte sin­gu­lière qui exige plus à la CGT enta­chée de com­pro­mis­sion et sus­pecte aux yeux de beau­coup. On raconte à qui veut l’enten­dre que la CGT inter­dit à Méde­cins du Monde de venir soi­gner les enfants, que si les Verts de Paris n’ont pas fourni des cou­ches pour les bébés, c’est qu’un puis­sant réseau CGT agit dans l’ombre.

À l’Union Dépar­te­men­tale on est saisi par le suc­cès du 1er mai, enivré pres­que et acca­blé par la vin­dicte des « sou­tiens », on ne com­prend plus.

L’occu­pa­tion est limi­tée maté­riel­le­ment à la cour, quel­ques cou­loirs, des sal­les, des cor­ri­dors. 22 mai 2008, Jour­née de lutte natio­nale pour les retrai­tes, la CGT est au pre­mier rang, mani­fes­ta­tions de masse. A deux pas de l’annexe occu­pée le point de ren­dez-vous des sans-papiers CGT, la ten­sion est au plus fort entre cer­tains mani­fes­tants CGT et les occu­pants de la Bourse lors­que le cor­tège passe devant le bâti­ment occupé: insul­tes fusent, mena­ces, un geste de trop, la bagarre éclate. Elle s’arrête après quel­ques coups don­nés ou reçus. Court alors un bruit: la CGT vient de rater sa ten­ta­tive d’expul­sion.

Mais en soi­rée, la situa­tion a chan­gée: un plom­bier de la ville fai­sant son tra­vail en cette jour­née déci­sive a négli­gem­ment laissé la porte de la grande salle entrou­verte. L’occu­pa­tion s’étend dans une salle de 600 pla­ces et ses annexes. Le plom­bier sous la res­pon­sa­bi­lité de la mai­rie n’a rien vu venir, la sur­veillance était relâ­chée…

Inter­rogé, le len­de­main, au cabi­net du Maire de Paris, on n’a rien à dire. Le sou­rire de cer­tains tra­hit seu­le­ment une satis­fac­tion. Deux jours après, l’asso­cia­tion Emmaüs de Paris, poli­ti­que­ment et ins­ti­tu­tion­nel­le­ment pro­che le l’Hôtel de Ville four­nit 150 mate­las livra­bles immé­dia­te­ment pour faci­li­ter les con­di­tions de vie.

S’ensui­vront alors une suc­ces­sion de négo­cia­tions, ten­ta­ti­ves et con­flits divers dans un cli­mat de sus­pi­cion et de con­cur­rence sur le rôle à jouer dans la lutte des sans-papiers. Les inter­mé­diai­res se mul­ti­plient; asso­cia­tions diver­ses, Haut et Bas con­seils des Maliens en France, rien n’y fera, les négo­cia­tions sont un échec. Les logi­ques de lut­tes sont dif­fé­ren­tes et ne se ren­con­trent pas. La CGT reven­di­que 6000 syn­di­qués de plus parmi les sans-papiers, la CSP 75 refuse de se mêler aux grè­ves en cours.

Une orga­ni­sa­tion syn­di­cale d’une part, enfer­mée dans sa fai­blesse et dans le peu de prise que son mou­ve­ment a dans la société et une asso­cia­tion de tra­vailleurs étran­gers en dif­fi­culté ber­cée par l’illu­sion d’une orga­ni­sa­tion, la CGT, qui pour­rait tout et ne vou­drait rien pour les sans-papiers iso­lés ou sans emploi. A cela s’ajoute des sou­tiens de cir­cons­tance, une bande venue en décou­dre avec la CGT qui chauffe tous les jours l’ambiance et assure que la Cgt pour­rait com­met­tre le pire. La CSP 75 est une orga­ni­sa­tion de délé­gués, ses mem­bres dont le nom­bre reste incer­tain et sans parole sont sous la hou­lette de leurs res­pon­sa­bles, un girond de délé­gués pos­sé­dant tous des papiers face à un bureau de syn­di­ca­lis­tes pro­fes­sion­nels.

La fer­me­ture de la CGT à ce moment n’est en fait rien d’autre que l’illus­tra­tion de sa fai­blesse sur ce dos­sier et son inca­pa­cité à sou­le­ver les sala­riés sur un sujet dif­fi­cile. Les sans-papiers, enfants d’une géné­ra­tion d’une immi­gra­tion qui a connu une CGT uni­taire et forte de 3 mil­lions croit encore aux trois let­tres rou­ges des gran­des mobi­li­sa­tions. Mais on est en face de la seule Union Dépar­te­men­tale de Paris, fai­ble et iso­lée du reste, per­sonne ne sem­ble le voir.

La CGT ou plu­tôt l’Union Dépar­te­men­tale de Paris s’enlise: une part immense de son acti­vité est con­sa­crée à cette lutte, des dos­siers de régu­la­ri­sa­tion au cas par cas. Une autre part de l’éner­gie est con­sa­crée à des négo­cia­tions sans fin, expli­ca­tions diver­ses, con­flits, con­tra­dic­tions, polé­mi­ques qui tou­chent mili­tants, sans-papiers et inter­mé­diai­res asso­cia­tifs. On par­lera de 200 heu­res de négo­cia­tion avec la CSP 75.

La CSP 75 entre­tient l’illu­sion de ce qu’elle est et de son suc­cès à tenir tête à la plus grande orga­ni­sa­tion ouvrière du pays par une com­mu­ni­ca­tion externe infa­ti­ga­ble: con­cert, con­fé­ren­ces, pro­jec­tions, tour­na­ges, débats sur mate­las, dia­tribe anti-CGT, jour­nal interne, site inter­net. La Bourse du Tra­vail n’a jamais été aussi vivante et ouverte au public que depuis que la CGT en est chas­sée…

Mais tout le monde ne déses­père pas de cette situa­tion: la direc­tion con­fé­dé­rale sou­haite se débar­ras­ser de cette lutte encom­brante. Une troi­sième vague de grève de sans-papiers n’a pas pu voir le jour, les mili­tants pari­siens sont épui­sés et la Con­fé­dé­ra­tion ne suit pas, les atta­ques de cette jeu­nesse autour de l’occu­pa­tion démo­ra­li­sent et don­nent des for­ces à ceux qui n’ont jamais cru à cette lutte, ses objec­tifs ou ses motifs.

Nul n’ose abor­der la posi­tion de la mai­rie et de son rôle plus que sus­pect, on parle plus volon­tiers de ses offi­ci­nes asso­cia­ti­ves comme Emmaüs. Mais on reparle cepen­dant des inten­tions de la Mai­rie sur la Bourse du Tra­vail.

Les pre­miers à s’en inquié­ter sont les gar­diens de la Bourse: « Après l’éva­cua­tion, on sera liquidé! » entend-on. « Pri­va­ti­sa­tion de la mis­sion, on con­fiera cela à des vigi­les pri­vés… sans-papiers! » rajoute un autre.

La pri­va­ti­sa­tion des ser­vi­ces tech­ni­ques de cet impor­tant éta­blis­se­ment pari­sien a déjà com­mencé. Mais c’est son usage qui pose ques­tion. Nul n’ignore à la Bourse que la mai­rie ne sou­haite pas lais­ser ce bâti­ment, « outil des lut­tes » aux seuls syn­di­cats. Cela lui coûte. De l’argent cer­tes mais pas seu­le­ment. Les lut­tes pari­sien­nes con­cer­nent en pre­mier lieu les ser­vi­ces publics de la ville, le fort syn­di­cat des éboueurs notam­ment pose pro­blème et anime très for­te­ment la vie syn­di­cale de toute la ville. Une orga­ni­sa­tion de plus de mille mili­tants dis­ci­pli­nés et exi­geants qui pra­ti­quent régu­liè­re­ment occu­pa­tions de mai­rie, grè­ves régu­liè­res, ras­sem­ble­ments, le siège même du PS n’a pas été épar­gné! Les objec­tifs de pri­va­ti­sa­tion du ramas­sage des ordu­res sont con­tra­riés par la CGT. Une grève de l’été 2008 s’est sol­dée par une demi-vic­toire ou une demi-défaite. Trois arron­dis­se­ments sur six pas­se­ront au privé ( au groupe Véo­lia pro­tégé par la CGT natio­nale  [2] ) au terme d’une lutte com­plexe et ina­che­vée. Pour la Mai­rie de Paris, la CGT n’est pas qu’un par­te­naire social, c’est aussi sou­vent un obs­ta­cle pour ses objec­tifs.

La Bourse du Tra­vail de Paris est un pro­jet pour Dela­noë : en faire un immense espace asso­cia­tif poly­va­lent pour les asso­cia­tions con­ven­tion­nées à com­men­cer par cel­les du 3e arron­dis­se­ment, encore le 3e arron­dis­se­ment…
Une pre­mière négo­cia­tion a eu lieu depuis ces der­niè­res années: on rénove la grande salle de 600 pla­ces et on com­men­cera par par­ta­ger son usage.

Quel­ques semai­nes après la fin du chan­tier, les négo­cia­tions n’ont pas repri­ses. Elles ne repren­dront pas… La CSP 75 occupe désor­mais ce bâti­ment et cette salle avec le sou­tien d’un parti de la majo­rité muni­ci­pale… les Verts du 3e arron­dis­se­ment, très atta­chés au pro­jet asso­cia­tif sur la Bourse et peu sym­pa­thi­sants de la CGT.

Der­nier acte, la «Libé­ra­tion» de la Bourse

Le 25 au matin, la bande orga­ni­sée de la CGT, cagou­lée, équi­pée de matra­ques et de gazeu­ses lacry­mo­gè­nes doit arri­ver à la Bourse. La mis­sion est secrète et pré­pa­rée avec le plus grand sérieux, rien n’a pu per­cer ni fuir. I1 s’agit de sau­ver l’ave­nir de l’Union Dépar­te­men­tale et de la Bourse.

Arrive Patrick Picard, secré­taire géné­ral de l’Union Dépar­te­men­tale, la mis­sion top secret est sous sa res­pon­sa­bi­lité mais là sur­prise! Les pre­miers arri­vés ne sont pas les bons…, devant la rue Char­lot, des jour­na­lis­tes con­nus de la CGT, syn­di­qués à la CGT, venu pour faire leur bou­lot, plus que cela, envoyés par la Con­fé­dé­ra­tion. Quel jeu joue donc la direc­tion natio­nale à Mon­treuil?

Quel­ques temps plus tôt, qua­torze mois même, Patrick Picard ayant tou­jours su empê­cher une éva­cua­tion qu’il désap­prou­vait, est sommé par Mon­treuil de «pren­dre ses res­pon­sa­bi­li­tés» à défaut il devra en sup­por­ter les con­sé­quen­ces… Se des­sine alors le spec­tre d’une crise qui con­dui­rait à la reprise en main de l’Union Dépar­te­men­tale par Mon­treuil et sa mise en retraite syn­di­cale anti­ci­pée. Ce serait la fin d’une his­toire, celle d’une Union dépar­te­men­tale pres­que libre, cette UD oppo­si­tion­nelle, plu­ra­liste et exem­plaire veu­lent croire cer­tains.

On ne s’en remet­trait pas.

Picard comme d’autres ne mécon­naît pas le ris­que. L’Union Dépar­te­men­tale CGT de Paris pose pro­blème à la direc­tion natio­nale, à la Mai­rie de Paris et donc aux influen­ces PS sur la CGT.

L’affaire des sans-papiers et l’enga­ge­ment exa­géré de cette UD posent éga­le­ment pro­blème.

La reprise en main serait pire encore qu’une éva­cua­tion faite par ses soins… telle est la logi­que qui va pri­mer sur toute autre con­si­dé­ra­tion.

La déso­béis­sance est seu­le­ment impos­si­ble. Picard s’exé­cute, par­ti­cipe au recru­te­ment de la bande et pro­gramme la jour­née.

Quel­ques mois plus tôt, une mis­sion du même type avait été annu­lée pour cause d’actua­lité fâcheuse: incen­die au Cen­tre de Réten­tion Admi­nis­tra­tive de Vin­cen­nes, des sans-papiers enfer­més avaient incen­dié leur geôle.

Cette fois-ci, l’inves­ti­ture de Hor­te­feux au minis­tère de l’inté­rieur ne décou­ra­gera pas… on a bien pensé uti­li­ser cela pour annu­ler mais cette fois-ci on s’en fiche, il sem­ble que l’étau se soit res­serré et Picard n’a plus son droit de citer, il est un exé­cu­tant res­pon­sa­ble de ce qui arri­vera. Le sym­bole sera dur à assu­mer mais tant pis, on n’a plus le choix.

Mais ce matin-là pour­tant, la pré­sence des jour­na­lis­tes infor­més par ceux-mêmes qui garan­tis­saient le secret de l’opé­ra­tion laisse un goût amer…

Le piège se referme, le sort en est jeté, l’opé­ra­tion aura lieu.

Et elle a lieu.

La mai­rie de Paris, sur le qui-vive, attend un coup de fil. Il ne tar­dera pas à venir, la com­mis­sion admi­nis­tra­tive en la per­sonne d’Edgar Fis­son en appelle à l’Hôtel de Ville, ça se passe mal, les occu­pants résis­tent, se sont retran­chés dans la salle et veu­lent en décou­dre. Un mili­tant CGT aurait la tête ouverte… La bande cagou­lée et équi­pée a été vue par le voi­si­nage qui a pris peur et n’a pas vrai­ment com­pris de quoi il s’agis­sait. Le ratage en règle sem­ble réussi.

Le grand prin­cipe selon lequel la police n’inter­vient ni n’entre dans le sanc­tuaire des lut­tes ouvriè­res aura vécu. La police est là, elle va finir le tra­vail sur demande de la mai­rie.

Le voi­si­nage popu­laire, plu­tôt sym­pa­thi­sant CGT ne com­prend pas, il se réu­nit aux abords de la Bourse. À l’autre bout de la rue Char­lot, deux fem­mes ten­tent de trou­ver des expli­ca­tions, les pleurs limi­tent déjà la réflexion.

La police inter­vient, gazage, négo­cia­tion, rega­zage, rené­go­cia­tion… vers 15. heu­res tout est réglé. Le com­mu­ni­qué de l’Union Dépar­te­men­tale tombe, puis celui de la com­mis­sion admi­nis­tra­tive : « la Bourse est libé­rée ! ».

Les sans-papiers ont été gazés dans la salle, spec­ta­cle d’une femme noire au sol les bras en croix sur le trot­toir de la Bourse. Les CRS assu­rent l’éva­cua­tion.

Vers 17H00, les sans-pap sont tous sur le trot­toir et deman­dent un com­bat avec les quel­ques cégé­tis­tes irres­pon­sa­bles et naïfs trop vite satis­faits à l’inté­rieur et visi­bles depuis les vitri­nes de la Bourse… « CORPS A CORPS CGT! » crient des sans-papiers, d’autres s’appro­chent pré­ci­pi­tam­ment et essaient de les faire taire. Une rixe aurait bien été empê­chée par des CRS entre jeu­nes sou­tiens et mili­tants CGT.

La CGT, la Bourse du tra­vail, des mili­tants sont pro­té­gés d’autres mili­tants par des CRS équi­pés, cas­qués, armu­rés. Le piteux spec­ta­cle ins­pire colère à cer­tains, dégoût et même des lar­mes, encore des lar­mes. La police pro­tège des tra­vailleurs con­tre d’autres tra­vailleurs tous en lutte, cha­cun à leur façon sans s’être vrai­ment ren­con­trés, sans avoir su le faire car trop saisi par des logi­ques pro­pres et des orga­ni­sa­tions qui s’en char­geaient.

Com­mu­ni­qué de Picard, rap­pel des faits selon la ligne CGT depuis un an moins mala­droit qu’Edgar Fis­sion avec sa « Libé­ra­tion » de la Bourse.

Vers 18H30, Libé­ra­tion, le quo­ti­dien, pro­che de la mai­rie de Paris (la famille Jof­frin est l’édi­teur de Dela­noë) est le pre­mier à réa­gir. On peut lire en ligne et à la une: « On éva­cue les sans-papiers de la Bourse du tra­vail, les CRS? non la CGT ». L’arti­cle est mas­sa­crant et exprime de la jubi­la­tion.

Il est vrai que Libé­ra­tion veut en décou­dre avec l’Union Dépar­te­men­tale CGT de Paris, le quo­ti­dien, ins­tallé dans le 3e à deux pas a déjà eu maille à par­tir avec les mili­tants de l’UD quel­ques semai­nes plus tot, Flo­rence ex-élue CGT, jour­na­liste vidée rude­ment par Jof­frin, direc­teur de Libé qui la décou­vre insuf­fi­sante après quel­ques dizai­nes d’années de pré­sence n’a pas sup­porté le sou­tien des mili­tants de l’UD et moins encore d’avoir lâché le mor­ceau et cédé aux reven­di­ca­tions direc­te­ment négo­ciées par l’UD et con­tre le syn­di­cat mai­son.

À ce moment, après l’éva­cua­tion on croyait l’affaire ter­mi­née et on se trom­pait. La mai­rie vient de déci­der de fer­mer la Bourse, elle reprend les locaux jusqu’à nou­vel ordre. Elle ne veut pas les ren­dre, la CGT s’exé­cute.

L’Union Dépar­te­men­tale se trouve aujourd’hui curieu­se­ment dépour­vue. Il s’agis­sait de repren­dre des bureaux, l’occu­pa­tion de la Bourse entra­vait le fonc­tion­ne­ment des syn­di­cats pari­siens pré­tex­tait-on.

Cette direc­tion d’Union dépar­te­men­tale que l’on vou­lait ori­gi­nale et uni­taire aura vécu: un tour­nant à gau­che, des rou­ges diront cer­tains, avait donné Picard gagnant dès l’annonce du départ en retraite de Didier Niel, ancien métallo pro­che de la Muni­ci­pa­lité pari­sienne, l’homme de l’ouver­ture au PS après la fin de l’ère Kra­su­cki. Un tour­nant très à gau­che fait du maxi­mum de com­po­san­tes et de com­pro­mis mili­tants: PCF offi­ciels, PCF des cou­rants dis­si­dents, PS, ligne con­fé­dé­rale mais aussi mili­tants NPA-LCR, Trots­kys­tes du PT, liber­tai­res, divers et non ins­crits, une assem­blée diri­geante de 80 mili­tants réu­nis­sant pres­que idéa­le­ment tout ce que la gau­che avait inventé depuis plus d’un siè­cle. On s’enten­dait tous ; dit déjà au passé l’un d’entre eux, tout le mou­ve­ment ouvrier sem­blait pou­voir s’y retrou­ver. Depuis novem­bre 2008, cette inves­ti­ture pro­met­tait lut­tes et mobi­li­sa­tions, sérieux et pro­jets l’ani­maient après des années de décom­po­si­tion et de décou­ra­ge­ment. Trois mois après son élec­tion, ce mili­tant de EDF-GDF, Patrick Picard devenu secré­taire géné­ral qua­dra­gé­naire (une excep­tion) connu pour sa finesse et son prag­ma­tisme se lan­çait sans comp­ter dans la lut­tes des sans-papiers et quel­ques autres com­bats…

Aujourd’hui, on est passé en quel­ques mois de l’espoir à la con­di­tion de sans domi­cile et de vaincu.

La CGT de Paris et la CSP 75 se retrou­vent dans une éton­nante com­mu­nauté de situa­tion, tous deux sur le trot­toir du bâti­ment tant con­voité, tous deux à la rue. Sans doute pas assez pro­che pour com­pren­dre que leur com­bat l’un con­tre l’autre défen­dait des inté­rêts qui n’étaient pas les leurs.

La direc­tion natio­nale de la CGT n’a pas réa­git.

La mai­rie du 3e est injoi­gna­ble sur cette ques­tion, tout comme l’Hôtel de Ville qui se fait silen­cieux à nos appels.

________________________

[1] : Cette asso­cia­tion trans­fuge de Droit au Loge­ment est née en 1995. Après l’occu­pa­tion de l’église Saint-Ambroise l’année sui­vante, elle oriente son acti­vité vers les sans-papiers, comme le DAL, elle se retrouve peu à peu con­trô­lée par le PS même si son diri­geant à vie, Jean-Claude Amara a pris parti depuis pour José Bové.

[2] : VEO­LIA est un bailleur de fonds de la Con­fé­dé­ra­tion par l’achat régu­lier de pages de publi­cité pour le groupe dans les titres de la presse natio­nale de la CGT, ceci est régu­liè­re­ment dénoncé par des mili­tants.


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Foumonde

Author: Foumonde

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Comments (1)

Le Père Peinard Le Père Peinard ·  09 July 2009, 15h28

Merci !
les cho­ses sont bien plus clai­res comme ça !
Enfin… pres­que !
C’est bien sim­ple : tout est com­pli­qué !


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