La démocratie comme stratégie
- Article par Éric Jousse
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Posted on Tuesday 17 March 2009, 17h00 - updated on 11/06/14 - Édito - Permalink
Qu’on la qualifie d’authentique ou de directe ou encore qu’on l’appelle démanarchie, parce qu’elle n’est pas déjà là, parce qu’elle est minorée, “péjorée” [1] et travestie, parce qu’elle nous fait chaque jour défaut, la démocratie doit non pas faire l’objet d’une stratégie mais doit être la stratégie.
La tactique quant à elle ne peut consister qu’en la mise en oeuvre partout des principes qui fondent son originalité, son authenticité et son intégrité, jusque dans les entreprises, en recourant à la diversité des alternatives et ce, par définition, dans les plus brefs délais.
La peur d’atteindre le point de non retour ?
Pour éviter la révolution à 360 degrés, celle qui revient au même sous de nouvelles apparences trompeuses, sous de nouveaux jours qui déchantent, il faut faire vivre les principes qui fondent la démocratie au jour le jour et veiller à les faire vivre durablement. Ces principes sont connus. On ne pourra pas les confondre avec ceux qui, en définitive, assujettissent la participation d’un grand nombre - et non de tous - aux velléités parfois dangereuses d’un parti même s’il s’autoproclame de gauche. Ces principes sont donnés de manière originale dans l’article “Démocratie, direct !” que l’on peut lire notamment ici.
Ce faisant, on doit pouvoir rompre avec la logique historique qui fait que toute tentative d’émancipation n’a pas su éviter de prêter le flanc à la répression violente. Car on ne dit jamais assez l’aveuglement des forces de la répression, parce qu’aux ordres, pétries d’ignorance et dopées par une frousse chevillée au corps; ainsi elles deviennent vite sanguinaires. Ces forces ne sont jamais aussi efficaces que lorsqu’elles parviennent à rabattre, à circonscrire et à isoler pour mieux mettre en joug.
Ce que nous vivons avec tous nos contemporains, c’est le constat d’une résistance bien insuffisante alors que les forces du contrôle se répandent et s’immiscent partout dans nos vies pour mieux assurer le moment venu l’efficace de la répression. La multiplication et la juxtaposition des luttes comme des grèves et des manifestations, même légitimes, même inventives, parce qu’elles observent toute la règle du “cadrage sans débordements possibles”, ne semblent pas être un phénomène à la hauteur de la situation : la somme des luttes n’est pas égale à une révolution ou plus exactement à une révolte citoyenne permanente, de celles qui peuvent garantir l’autonomie de tous et l’émancipation de chacun et ce, durablement, à travers les générations.
En conséquence, un devoir de création s’impose, celle de la 1ère Démocratie. Peut-être en commençant par l’organisation d’une constituante mais plus sûrement en la mettant en pratique ce qui implique que l’on se désaccoutume de règles, de rites, de rituels, d’usages, d’us et coutumes, de manières, de pratiques et de réflexes tous de longue date conditionnés.
La diversité ou l’humanité à nouveau possible
On voit bien à travers la diversité des points de vue qui s’expriment de plus en plus partout, que si la motivation faites de nécessité et d’urgences est au fond la même, rompre avec le régime politique en vigueur même devenu inadéquat comme renoncer à notre mode de vie éculé et obsolète n’est pas pour autant chose simple et facile. Il ne faut cependant pas douter, qu’au bénéfice du retour des limites, sous peine de tragédie et dans l’ardente obligation d’agir en poétique comme en politique, nous y viendrons tous, d’une manière ou d’une autre, pour finalement œuvrer de concert.
Nous allons déjà faisant face à un étrange cas de force majeure dont nous aurons été la cause sans le vouloir, un cas de force prévisible, nihiliste et global. Un moment qui nous imposera des contraintes dépassables qu’à la condition d’une libération de toutes les autres contraintes préexistantes faites de capitalisme (pour ne pas dire de libéralisme), de productivisme et d’étatisme et, particulièrement depuis “l’inversion des calendriers”, d’un électoralisme forcené qui aura fini par traiter le vote donc le citoyen comme une marchandise.
On est, par ailleurs, bien en droit de se demander si le système ne va pas finir par s’effondrer de lui même et à brève échéance. C’est l’objet d’un débat qu’il faut savoir mener comme bien d’autres cependant il ne faudra pas s’y perdre. Nous ne sommes en effet pas obligés de compter dessus car l’effondrement - dont la prospective est loin d’être précise - sera au mieux un facteur d’accélération, au pire d’altération voire de corruption, et non pas une garantie de la réalisation des alternatives, de toutes les alternatives, dont nous devrions voir très vite le caractère indispensable à condition que l’on soit informé de leur existence.
[1] Au sens “prise en mauvaise part”
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- Minga · 18 March 2009, 06h09
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Oui, la démocratie est par essence une stratégie avant que d’être un paradigme applicable seulement au lendemain de quelque hypothétique grand soir que les “partis de gauche” remettent toujours aux calendes grecques …
C’est un désir, une aspiration, une revendication, une force qui monte, un “mouvement réel qui abolit l’état de choses existant”, un réseau “peer-to-peer” de citoyenneté non étatiste, un dépassement du capitalisme qui asservit l’humain et détruit notre planète. - Le Père Peinard · 18 March 2009, 12h08
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La Démocratie, c’est quand il y a beaucoup de démocrates (Jean Jaurès)
et beaucoup d’autogestion (christian durand)1 - l’Autogestion désigne la gestion directe d’un groupe humain par les membres de ce groupe. C’est la forme élémentaire de la démocratie.
2 - les décisions sont prises par l’Assemblée Générale, composée de tous les membres du groupe. C’est le Conseil de base ou le Comité Local.
3 - l’Assemblée Générale nomme et révoque des délégués pour des taches précises.
4 - les délégués des conseils locaux se constituent en un conseil concernant un groupe plus vaste : conseil départemental, régional, national, international (…intergalactique dans le cas du Chiapas).
5 - l’ensemble constitue la Pyramide des Conseils où tous les niveaux obéissent aux mêmes principes : assemblée générale fréquente et souveraine, démocratie directe et délégation avec mandat et compte-rendu impératifs.Cette forme d’organisation remonte à la plus haute antiquité. Elle a été petit à petit remplacée par des formes politiques autoritaires : aristocratie, monarchie, ploutocratie, centralisme démocratique, dictatures militaires (généralisées en Afrique). Elle ne survit que dans des petits groupes autonomes (anarchistes).
La révolution industrielle du dix-neuvième siècle a encouragé le développement du suffrage universel (sans les femmes) et de la démocratie bourgeoise représentative - les délégués (députés, sénateurs) sont élus pour une longue durée (cinq ans, neuf ans et parfois même à vie) sans mandat impératif, sans possibilité de révocation, sans obligation de rendre compte, avec des avantages matériels considérables.
On en connait les conséquences : corruption, délinquance, enrichissement, impunité… et développement de l’abstention par écoeurement (50% aux Etats-Unis, 40% aux élections européennes).
Ces travers ont gagné les partis, les syndicats, les mutuelles constitués originellement sur un mode associatif. Les associations de type 1901 se rapprochent du mode autogestionnaire. Mais il y est souvent perverti par le culte de la personalité, l’opacité financière, le non-renouvellement des dirigeants, la manipulation des ag.Dans la lutte des classes contre un adversaire puissant et centralisé, l’autogestion des luttes est particulièrement efficace. On lui doit nos principales victoires récentes :
- Mai 68 : pas de grand chef, pas de quartier général, pas de bible, pas de gourou.
De multiples initiatives décentralisées et spontanées. Il a fallu la collusion du pouvoir d’état et des organisations politiques et syndicales centralisées pour y mettre fin.
- Lip : assemblée générale décisionnelle en accord avec le syndicat majoritaire.
- Larzac : assemblée générale des paysans concernés. Vaste soutien. Victoire totale.
- Luttes étudiantes : comités de lutte/grève, coordinations régionales et nationales.
- Chiapas : assemblée des communautés indigènes, soutien intergalactique. Victoire.
- Non au TCE : comités 29mai, réseaux internet. Divine surprise : 54% !
- Campagne Bové : cuals, réseau, initiative locale, meetings décentralisés : 500 000 !Christian de Séte : xian.durand@orange.fr; http://collectifinvisible.free.fr