Européennes : le casse-tête de la « case de tête »
- Article par Geneviève Confort-Sabathé
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Posted on Tuesday 17 March 2009, 19h00 - updated on 16/02/12 - Édito - Permalink
Les élections européennes, prévues le 7 juin prochain, à moins que la révolution internationaliste ne vienne interrompre le processus, devraient faire la preuve par huit (grandes régions), que la démocratie ne sort guère fortifiée du scrutin proportionnel surtout quand les listes sont bloquées.
Nous aurons l’occasion de revenir, ultérieurement, sur la nécessité du boycott des élections européennes. Nous nous référerons aux propos tenus par certains candidats « case de tête », ou si vous préférez « tête de liste » qui ont vilipendé, avec force arguments, et pendant des années, le rôle fantomatique du Parlement européen et le système opaque et totalitaire organisé autour de la régalienne Commission européenne.
Ces candidats, ardents défenseurs du NON au Traité constitutionnel européen, sont aujourd’hui, les chantres durs des idéologies les plus archaïques de la gauche radicale. Ils courent à la soupe européenne aussi vite que le leur permet la décence.
Avant de faire justice à leurs nouveaux penchants, j’aimerais, chers lecteurs, vous intéresser à la forme électorale choisie pour les élections européennes : le scrutin proportionnel à un tour, listes bloquées et seuil de représentativité fixé à 5%.
La forme électorale n’est jamais innocente, jamais choisie au hasard. Elle légitime les moyens techniques mis en action pour introduire les idées dominantes. Voter c’est se soumettre à une règle du jeu imposée.
Dans notre société de travestissement, les idées sont empaquetées dans des emballages luxueux et attirants. On ne les reconnaît qu’une fois déshabillées. Il est rare de rencontrer une idée débraillée se promenant, sans son code-barre, tant la pensée unique, pro-capitaliste, a pénétré les esprits même les plus éclairés. En économie, l’allégeance des universitaires à l’autorité de la chose chiffrée en est un exemple frappant. Dès que le chiffre paraît, il a force de loi, même s’il ne décrit rien que lui-même.
A priori, le scrutin proportionnel offre des garanties de meilleure représentativité des opinions. Même si l’idéal serait une proportionnelle intégrale, la forme choisie pour ces élections européennes, peut séduire le démocrate pointilleux d’autant plus que le seuil de représentativité, fixé à 5%, autorise les petites formations politiques à un certain optimisme.
Malheureusement, il faut tempérer cet enthousiasme citoyen car le scrutin choisi, ici, se fera sur listes bloquées avec une case de tête (une tête de liste), désignée par les partis politiques. Ce système implique que les candidats sont élus dans l’ordre d’apparition dans la liste. On comprend mieux l’importance des choix stratégiques effectués par les grandes formations politiques. En définitive, le scrutin à la proportionnelle n’est, réellement, efficace que dans le cas des votes préférentiels sinon il organise et légitime le totalitarisme des partis politiques.
Le vote préférentiel permet aux électeurs de donner leur avis sur les candidats de la liste, choisir leur ordre de préférence, panacher etc. Les électeurs ne votent pas que pour une liste mais pour des personnes, une ou plusieurs. La représentation, issue du vote des citoyens, est souvent plus audacieuse que celle des partis. En Belgique où la proportionnelle à vote préférentiel est la norme pour les élections municipales, les élus appartenant à la « minorité visible » sont bien plus nombreux qu’en France où les partis peinent à renouveler leur personnel politique.
Donner aux électeurs le droit de remplir les cases de têtes et de remettre de l’ordre dans les listes empêcherait les potentats locaux de cumuler les mandats. L’aventure vécue par Martine Aubry, dans la région Centre, en est un exemple fameux. Le président de conseil régional voulait être tête de liste de la région Massif-central-Centre, mais la direction du PS a désigné un proche de Fabius, le parachuté est en position délicate. Il bénéficiera, sans doute, d’une prime de non-cumulard, mais il part avec un handicap certain dans trois départements au moins.
De surcroît, le principe de la liste bloquée confère à la case de tête un prestige et une prédominance qui ne cadre guère avec les exigences de la démocratie. Il ne sert à rien de se plaindre de l’omniprésence de quelques têtes d’affiche si le scrutin accentue cette dérive. Le NPA a introduit, dans ses nouveaux statuts, le principe d’une plate-forme de porte-parole interchangeables pour éviter la professionnalisation de l’engagement politique mais le principe de la case de tête, lui, n’est pas résolu.
On assiste même à des contorsions antidémocratiques dans certains partis (le PG par exemple) pour désigner des candidats chargés de faire de la figuration. Dans ces cas, le parti choisit, bien sûr, les personnalités les plus fades et surtout les plus obéissantes.
Si, après ça, vous avez encore envie de voter, pour ces élections, je vous donne rendez-vous, la semaine prochaine, pour étudier, les conséquences d’une participation active à cette mascarade tristement risible.
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- PrNIC · 18 March 2009, 09h34
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Pour sauvegarder notre droit de vote , il faut donc aller voter !
Mais , avec la bonne démonstration Geneviève et le refus de l’Unité des partidaires, il me semble évident qu’il faut voter “contre” …et le seul bulletin valable en l’occasion est le bulletin “BLANC” ..un boycott en BLANC ? Pourquoi pas ?
Pierre NICOLAS 26400 Divajeu PrNICO@aol.com
- Le Père Peinard · 18 March 2009, 14h12
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Errata : La Grosse Commision de Bruxelles est tout sauf “régalienne”.
Même si les commmissaires se régalent souvent de moules et de frites Chez Léon.
Rappel sujet du bac (merci wikipédia) :
Les fonctions régaliennes de l’État sont limitées aux grandes fonctions souveraines qui fondent l’existence même de l’État et qui ne font, en principe, l’objet d’aucune délégation.
- Assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire ;
- Assurer la sécurité intérieure et le maintien de l’ordre public, avec, notamment, des forces de police ;
- Définir le droit et rendre la justice ;
- Détenir la souveraineté économique et financière en émettant de la monnaie, notamment par le biais d’une banque centrale.La Commision Européenne ne maîtrise aucune de ses fonctions.
Le Pouvoir législatif est aux mains du Conseil de l’Union Européenne (Conseils de Ministres des états-membres ou Sommet des chefs d’états et de gouvernement)
Les élections du Parlement-croupion se font région par région. Cf. l’excellente analyse de g. s. + haut.
La Monnaie est (mal) controlée par une Banque Centrale indépendante.
Il n’y a ni Défense ni Diplomatie Européenne.
La seule institution vraiment communautaire est le Cour de justice des Communautés Européennes.
La Commission est un gros secrétariat général d’un gouvernement européen qui n’existe pas.
Fermez le ban ! - Geneviève Confort-Sabathé · 18 March 2009, 15h13
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Exact, cher Xian de Sète, la commission n’est pas régalienne. Cet écart m’apprendra à n’utiliser que les mots dont personne ne se rengorge. Et pourtant, je fais attention.