40 ans... et après ?
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Posted on Wednesday 21 July 2010, 12h36 - updated on 16/02/12 - Édito - Permalink
40 ans de mouvement féministe.
Apparus longtemps déjà avant Mai 68, les mouvements féministes ont pris de l’ampleur entre les années 1960/70 aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, au Danemark, aux Pays-Bas…Un peu plus tard en France : en 1970. En Espagne comme au Portugal il faudra attendre le mouvement démocratique.
Le quarantième anniversaire de Mai 68 en France a été l’occasion d’une polémique entre Nicolas Sarkozy prônant la liquidation de l’héritage de Mai 68 et les défenseurs de cet héritage ; il semble cependant y avoir consensus au sujet de l’émancipation des femmes obtenue grâce aux luttes qu’elles ont menées après Mai 68.
Ne nous y trompons pas, dans une société où croît le masculinisme cette vision apparaît en « trompe l’œil » il existe une contradiction entre la reconnaissance affichée du rôle positif du féminisme et la persistance d’un antiféminisme séculaire. Comme si le féminisme d’hier était le « bon » féminisme ; alors que celui d’aujourd’hui est présenté comme un danger pour les relations harmonieuses entre les sexes. En réalité le féminisme connaît un reflux dans tous les pays, parfois violent comme aux Etats-Unis, plus insidieux en France ; partout le « backlash » s’exprime par le dénigrement des féministes.
Le bel Après Mai des femmes.
C’est à la lumière de ce paradoxe qu’il faut regarder le mouvement féministe ; héritier de Mai 68, mouvement d’émancipation mais aussi critique du gauchisme, remise en cause du modèle révolutionnaire classique.
Avec Simone de Beauvoir s’affirme la conscience d’une inégalité sociale entre les sexes ; après Mai 68, dans des luttes collectives, de style joyeux, provocateur, insolent et spectaculaire s’affiche la volonté de « Changer la vie », de produire du bonheur individuel, du bonheur général pour les deux parties du genre humain.
« Tout est politique » entendait-on en 68, la politique n’est pas un domaine séparé du reste de la vie, ni l’affaire de professionnels de la politique ; tout pouvait être remis en question : la politique, les rapports sociaux, mais aussi la vie quotidienne, la culture, la philosophie de la vie…La démocratie ne se concevait que directe, immédiate, excluant toute idée de représentation. Cette conception était aussi celle du MLF : « Le personnel est aussi politique » c’est-à-dire que les rapports privés, domestiques, affectifs et sexuels sont aussi des rapports sociaux.
Marx, déjà disait que la libération viendrait du changement des relations entre les hommes et les femmes.
Partout les mouvements de femmes ont eu des caractéristiques communes : Partir de la base, animer des groupes de paroles, développer une conscience collective… En France, avec l’héritage révolutionnaire il a pris une dimension plus radicale, plus politique.
Mai 68 : Les femmes sont partout ! Personne n’en parle ! La direction du mouvement est prise par les hommes, les femmes n’en sont que des porte-drapeaux.
La contestation de l’ordre établi par les hommes se manifestait aussi par la critique des organisations de gauche. Celles-ci reproduisant en leur sein délégation de pouvoir, hiérarchie, division sexuelle du travail, supériorité de déclarés spécialistes-théoriciens sur celles et ceux qui subissent l’oppression « Nous sommes les opprimées, vous êtes les oppresseurs ! »
Pour l’essentiel, les femmes du mouvement viennent des groupes militants, lasses des allers-retours entre cafetière et ronéo ; en mai-juin 1970, à l’université de Vincennes elles décident de se réunir seules, transgression ! Rébellion ! Les leaders : des hommes le prennent très mal : « Mal baisées ! » « A qui la faute ? » leur est-il répondu.
La perspective était radicale : Il ne s’agissait pas seulement d’améliorer la condition féminine ; mais de changer la société reconnue comme se reposant sur l’oppression et l’exploitation des femmes.
Si la Loi Veil reste la plus connue des victoires des luttes féministes, il ne faut pas oublier l’importance de ces luttes sur la législation : le viol est reconnu comme crime, l’inceste prohibé, les violences conjugales dénoncées tout comme l’enfermement et l’exploitation des femmes au sein des familles.
Le regard sur le travail des femmes change, le regard des femmes sur leur travail aussi, toutes ces questions soulevées ont été entendues par beaucoup de femmes.
Aujourd’hui encore ces questions ne sont pas ou peu prises en compte dans la réflexion générale, reléguées dans des commissions dont la parité n’existe que sur le papier, dont les rapports ne sont trop souvent lus que s’il y a le temps… Alors que les rapports sociaux de sexe devraient concerner toutes et tous, c’est au quotidien qu’il faut « genrer » les questions.
Depuis toujours les valeurs du féminisme sont au cœur du désir de transformation sociale, affirmons, réaffirmons les dans l’immense chantier de reconscientisation politique qui s’ouvre à nous.
Nous aurions souhaité l’image des femmes profondément et durablement transformée, tendre vers un nouveau modèle familial et sexuel, vers plus de partage et d’égalité. Il n’en est rien ou presque, le patriarcat sévit toujours !
Osons le féminisme !
Le MFPF ( Mouvement Français Pour le Planning Familial ), un mouvement qui date de 1956 :
1956 : L’association “Maternité Heureuse” se crée. Son but est de proposer la contraception en France et de faire modifier la loi de 1920 qui l’interdit. L’objectif humanitaire d’alors est limité à l’enfant désiré et à la lutte contre l’avortement clandestin.
1960 : L’Assemblée Générale ajoute à “Maternité Heureuse”, le sous titre “Mouvement français pour le Planning Familial “.
1961 : Les premiers centres d’accueil s’ouvrent à la population. dans une illégalité qui durera plus de six ans. En apprenant à écouter les demandes, les hôtesses d’alors commencent à entrevoir le poids de l’ignorance et du silence sur les comportements sexuels des hommes et des femmes.
1971 : Le MFPF est agréé comme mouvement d’éducation populaire.
1967 : vote de la loi Neuwirtz à propos de la contraception.
1970 : début des luttes pour la libéralisation de l’avortement, texte des « 343 salopes » déclarant : « Je me suis fait avorter ! »
1971 : Marche du 21 novembre
1972 : Journée de dénonciation des crimes contre les femmes. Procès de Bobigny détourné en procès de la loi 1920 anachronique, hypocrite, inégalitaire…
1973 : le MLAC et 331 médecins reconnaissant pratiquer des interruptions volontaires de grossesse, organiser des départs pour l’étranger au grand jour. ( Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception )
1974 : Loi Veil votée, à l’essai pour 5 ans.
1979 : Vote définitif de la loi.
1981 : Remboursement de L’IVG.
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