Ma colère à Jean-Pierre Blazy président de Ville & aéroport
- Article par Jean-Louis Crochard
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Posted on Wednesday 26 February 2014, 12h00 - updated on 28/02/14 - Lettres ouvertes - Permalink
Lettre ouverte à Jean-Pierre Blazy, député-maire de Gonesse, président de l’association nationales d’élus, Ville & aéroport.
Monsieur le député Jean-Pierre Blazy,
Le 7 décembre 2012, j’avais déjà eu l’occasion d’attirer votre attention par écrit [1] et lors d’un rendez-vous à votre permanence, sur la nature brutale et violente des méthodes pratiquées par les forces de police, notamment à l’occasion des manifestations d’opposition au projet de Notre Dame des Landes (NDDL).
À l’époque, j’avais dénoncé l’agressivité « de ces forces de l’ordre et surtout de destruction », aux ordres du préfet Galliard de Lavernée et sous le contrôle de responsables locaux, ces élus politiques à l’égo hypertrophié, tous désormais de triste réputation en Loire Atlantique.
L’inutile, c’est quoi ?
Il fut un temps où on ne comprenait pas cet acharnement à vouloir - coûte que coûte - ce deuxième aéroport gaspilleur de terres agricoles et d’argent public totalement inutile. On ne comprenait pas et l’acharnement consistait à toujours nous expliquer ce qui devenait de moins en moins explicable rationnellement. Et puis l’acharnement, on l’a vu encore le 22 février dernier, est devenu toujours plus technologie de puissance, volonté de démantèlement du peuple, virulence, férocité et bientôt fureur d’État.
Pourquoi inutile ? Parce qu’en cette période austéritaire qui s’éternise elle aussi inutilement, il n’y a aucun bienfait à tirer de toujours plus d’infrastructures aéroportuaires - mais aussi autoroutières - alors que la raréfaction des énergies fossiles - donc du kérosène détaxé - et le surenchérissement de son prix rendra à terme ces équipements vains, superflus, stériles. Quoi de plus absurde en effet qu’un aéroport vide de passagers et d’avions[2]. À quoi pourrait-il bien servir ? À des compétitions automobiles ? Non, bien sûr que non. Envisageons donc plutôt de voir ces infrastructures se transformer en casse automobile, en déchèterie, en cimetière de la modernité voire en cimetière tout court.
Quelle étrange idée, en outre, de penser et surtout de croire et de faire croire que le pays nantais comme la France et même l’Europe sont des régions encore sous-développées ?
Quelle idéologie un tant soit peu crédible peut bien soutenir qu’une quête toujours plus têtue de croissance basée sur la consommation de toujours plus d’un pétrole qui se raréfie va permettre de lutter efficacement contre l’enrichissement éhontés de quelques uns et l’appauvrissement de tous les autres ?
Nous connaissons désormais les limites de cette utopie vaine et surtout décalée, anachronique et obsolète. Tout ça, nous le savons pourtant déjà toutes et tous, c’est bel et bien fini. L’hypocrisie des marchands de ces rêves frelatés est devenue insupportable et inacceptable. Il faudra s’adapter certes, pour le meilleur et, plus on tardera, pour le pire, nous le savons aussi. Il faut donc changer maintenant mais le problème justement, c’est que rien ne change !
Pour l’heure, l’aéroport Nantes Atlantique est bien suffisant avec son trophée ERA Award 2011/2012 du meilleur aéroport européen, largement suffisant même, tous les experts indépendants ne cessent de le dire. Un jour, comme tous les autres, vide de tout, cet aéroport international deviendra lui aussi inutile mais en attendant, bien loin d’être saturé, il aura au moins servi à quelque chose.
Le coût de l’inutile
Le 28 mai 2013, monsieur le député, vous posiez une question au ministre de l’intérieur à propos du coût des forces de police mises à disposition lors des manifestations « à risque » concernant les matchs de foot. Vaste sujet effectivement.
Le 14 février 2014, vous obteniez du ministre de l’intérieur une réponse. Il aura donc fallu neuf mois à votre collègue Manuel Valls pour qu’il donne suite alors que dans la même période et pour d’autres affaires plus médiatico-théâtrales il n’aura eu besoin que de deux heures.
J’apprenais à cette occasion combien d’argent était dilapidé pour protéger de lui-même ce petit peuple friand de jeu de ballon ce qui permettait, par la même occasion, d’appréciables dividendes aux sponsors et autres publicitaires de ces manifestations au frais de la collectivité.
Quel contraste saisissant lorsque je vois l’élu local que vous êtes peiner tellement à obtenir un ou deux flics pour la sortie des écoles ou pour contre-carrer le trafic de drogue dans votre commune.
Le 22 février 2014, comme opposant au projet d’un nouvel aéroport à Nantes et comme nombre de citoyens concernés qui se sont massivement réunis ce jour-là, j’étais venu en famille à une manifestation légitime et motivée dont le parcours avait été clairement négocié à la préfecture entre les organisateurs et les représentants locaux de l’État. Cette manifestation était donc légale et dûment autorisée.
Malgré cela, pourquoi l’itinéraire prévu n’a t-il pas été respecté dans sa phase finale par les forces de l’ordre ? Est ce par autonomie ou insubordination qu’elles ont organisé et construit un véritable guet-apens, piégeant ainsi une partie du cortège des manifestants dans une véritable embuscade policière ?
Que pouvait donc bien justifier l’organisation délibérée, méthodique et choquante d’une telle confusion voire même de la panique sauf à constater au beau milieu l’activisme de quelques casseurs connus et reconnus, aux méthodes tellement remarquables qu’on les auraient volontiers qualifiées de professionnelles et d’autres à l’évidence infiltrés des services de police ? Rien sauf peut-être à obtenir les images médiatiques nécessaires à discréditer non pas une émeute mais une simple manifestation et les organisations opposées au projet du premier ministre Ayrault,
Pitoyable que cette stratégie des pouvoirs publics fauteurs de troubles et de désordre puisque, selon leurs dires, ils connaissaient les « casseurs ».
Dispendieuse à fond perdu pour l’intérêt général que cette opération qui a mobilisé des milliers de flics qu’il a bien fallu loger dans des hôtels alors que leur place, ce jour là, aurait du être la caserne.
Pathétique que cette débauche de moyens avec en plus la mise en œuvre d’une couverture aérienne par hélicoptère qui assuraient le survole du cortège et l’identification des manifestants considérés par le pouvoir comme des émeutiers.
Croyez-vous que l’effet anxiogène et terrifiant bel et bien recherché par la mise en œuvre d’un dispositif quasi martial et, comme vous pouvez l’imaginer, tout à fait vécu comme tel va changer quoique ce soit aux motifs profonds de cette manifestation ?
Croyez-vous que cette foule pacifique qui a vu pointé sur elle des canons à eau dissimulés derrière des barrières anti-émeutes disposées tout le long du parcours, va changer quoique ce soit à autant de convictions forgées des années durant penchés sur les dossiers d’expertise, les rendus de justice, les travaux scientifiques et ce sans parler de cette remarquable et maintenant ancienne solidarité citoyenne et militante ?
Une dette programmée et odieuse [3]
Le véritable bénéficiaire ce doit être encore et toujours Vinci a qui devrait, quoiqu’il en coûte, profiter le PPP [4] : 12 % de rendement garantis quoiqu’il arrive, 55 années de rente assurées pour les actionnaires. Un coût, parmi tant d’autres, pour le contribuable à qui maintenant l’on fait miroiter une « pause fiscale » pour l’an prochain, une pause de l’augmentation des impôts ! D’après vous, monsieur le député Blazy, tout ça est ce bien normal pour le socialiste que vous êtes ?
Non ! NDDL ne se réduit pas à une maquette de plus et des petits-fours exposés dans le hall d’une mairie, d’un ministère ou d’une multinationale du béton. C’est toute une idéologie que vous croyez sans alternatives, un projet de société sans avenir et une civilisation qui se terminent.
Le bruit des bombes assourdissantes s’étant tu et l’ordre républicain si cher aux autorités de la place Beauvau régnant provisoirement sur Nantes, entendez-vous, monsieur le député, poser à votre collègue Valls la question qui fâche, celle de ces dépenses inutiles notamment policières et du coût pour les contribuables de cette folle journée du 22 février 2014 à Nantes ?
À quelques semaines d’une élection, devrais-je comme vous attendre 9 mois pour obtenir votre réponse ?
Notes:
[1] http://www.netoyens.info/index.php/contrib/28/11/2012/nddl-lettre-ouverte-a-depute-ps-jean-pierre-blazy
[2] L’aéroport central de Ciudad Real
Document(s) attaché(s) :
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- Le dindon de la farce · 27 February 2014, 15h02
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Un aéroport à 1 milliard d’euros abandonné
- Jean-Pierre Blazy · 07 March 2014, 01h11
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Cher Jean-Louis,
J’ai bien reçu ton e-mail du 1er mars dernier concernant la gestion des débordements qui ont eu lieu en marge de la manifestation du 22 février dernier à Nantes contre le nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
A ce propos, tu fais bien de faire un parallèle avec la question écrite que j’ai posée au ministre de l’intérieur concernant l’utilisation des forces mobiles lors des manifestations sportives « à risque ». Il s’agit d’un vrai sujet qui s’applique bien évidemment à tout type d’évènement qui mobilise un grand nombre de personnes.
Au sujet de ce qui s’est passé à Nantes, il a pu en effet y avoir des excès vis-à-vis de la gestion par les forces de l’ordre de la mobilisation des contestataires au nouveau projet aéroportuaire. De plus, il est regrettable que les médias n’aient retenu d’une manifestation légale et autorisée que les images d’une guérilla urbaine qui a eu pour conséquence de discréditer une action démocratique aux yeux des Français.
Je ne partage cependant pas ton point de vue sur la prétendue utilisation par le pouvoir exécutif de ce traitement médiatique ni sur la supposée stratégie des pouvoirs publics à se servir du désordre pour délégitimer une contestation.
On peut en effet discuter l’utilisation massive de forces mobiles pour gérer une manifestation légale et autorisée. D’autant plus que, comme tu le dis, il existe un problème de proportionnalité concernant le déploiement des effectifs sur notre territoire. Face à la réduction des moyens et des effectifs de la police et de la gendarmerie, cette question se pose avec acuité quand il s’agit de retirer à certains territoires une présence policière pourtant nécessaire. On peut également contester le traitement par les médias d’un évènement dans le seul but de faire de l’audience. Mais il s’agit de ne pas confondre les deux, l’action policière n’étant en aucune façon soumise aux contingences médiatiques.
Je m’engage donc à poser une nouvelle question écrite au ministre de l’intérieur sur le nombre d’effectifs déployés à Nantes pour encadrer la mobilisation de février dernier et sur les dépenses qui ont été nécessaires pour en assurer la présence sur place. Je ne manquerai pas de t’en faire parvenir une copie.
Dans l’attente, je te prie de croire à l’expression de mes sentiments amicaux.
Jean-Pierre Blazy, le 6 mars 2014 8H28 - Le dindon de la farce · 03 November 2014, 11h57
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Cet homme est-il un « casseur » ? Non, c’est un policier
lundi 3 novembre 2014La police se déguise de plus en plus en « casseurs », dont l’image violente est utilisée ensuite par les médias. Samedi après-midi, une nouvelle manifestation s’est tenue à Nantes suite à la mort de Rémi Fraisse. Les provocations policières ont rapidement donné lieu à des affrontements, alors que la manifestation était majoritairement pacifique. Et les policiers en civil, déguisés en manifestants, jouent un rôle trouble. http://www.reporterre.net/spip.php?...
Non ! Sans blague !
- Le dindon de la farce · 03 November 2014, 12h47
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Black Blocs : bas les masques
Ce texte a pour objet d’analyser cette politique de la critique après avoir déboulonné quelques mensonges qui circulent au sujet des Black Blocs.
http://mouvements.info/black-blocs-...