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Base-Élèves, un outil du coup d'État permanent par Gdalia Roulin 1

Mem­bre du Col­lec­tif Saint-Affri­cain (Avey­ron) con­tre « Base-Élè­ves » (BE),  Gda­lia Rou­lin n’est ni ensei­gnante, ni actuel­le­ment parent d’élève. Elle est cepen­dant impli­quée dans le Col­lec­tif Natio­nal de Résis­tance à Base-Élè­ves con­si­dé­rant que le sort fait à la jeu­nesse inté­resse tous les adul­tes d’une société et carac­té­rise cette société.
Dans cette réflexion qui prend le temps d’abor­der toute la com­plexité d’un sujet majeur, l’auteure s’inter­roge au fond sur le type de con­trat social sou­hai­ta­ble pour demain.

Le fichage des enfants n’est pas seu­le­ment l’aspect d’un pro­blème qui con­cerne toute la société. Obser­vant la mise en place du fichage de tous les citoyens, en com­men­çant dès le plus jeune âge, au mépris de toute démo­cra­tie, Gda­lia Rou­lin mon­tre com­ment nous som­mes entraî­nés de gré ou de force vers un cer­tain type de société que nous n’avons cer­tes pas choisi, mais qui avance, d’un fait accom­pli à un autre fait accom­pli…

Que vou­lons-nous : l’épa­nouis­se­ment de cha­que être humain,

ou nous sou­met­tre à la croyance que les pro­fits moné­tai­res doi­vent faire la loi ?

     J’ai tou­jours été indi­gnée que tout le tra­vail réa­lisé en psy­cho­lo­gie et en péda­go­gie par de grands cher­cheurs ou pion­niers huma­nis­tes ne soit abso­lu­ment pas uti­lisé à grande échelle pour favo­ri­ser l’épa­nouis­se­ment et le déve­lop­pe­ment opti­mum des enfants, des jeu­nes et, pour­quoi pas, de tous.
    Quel­ques grands noms sont con­nus, cer­tes, tels que “Mon­tes­sori”, “Frei­net”, “Illitch” ou “Neill” par exem­ple. Mais l’ins­ti­tu­tion “Édu­ca­tion Natio­nale” n’a jamais accepté de se con­fron­ter sérieu­se­ment à ces métho­des. Elle a au con­traire mis des bâtons dans les roues tant qu’elle a pu con­tre ceux qui ont cher­ché à fon­der leur péda­go­gie sur ces con­cep­tions plus ou moins liber­tai­res, axées sur le res­pect et le déve­lop­pe­ment de l’indi­vidu et de sa socia­bi­lité res­pon­sa­ble, c’est-à-dire sur la for­ma­tion de citoyens capa­bles d’auto-orga­ni­sa­tion. (L’auto­no­mie est même en passe de deve­nir un délit dans la pro­pa­gande offi­cielle !!!).
    Ce qui me fait dire au pas­sage que si je défends l’école publi­que et laï­que, je crois aussi que pour per­met­tre l’épa­nouis­se­ment des enfants qui lui sont con­fiés, et pré­pa­rer une société plus heu­reuse, il faut la refon­der radi­ca­le­ment, dans l’opti­que de favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment opti­mum des poten­tia­li­tés de cha­cun. État d’esprit com­plè­te­ment dif­fé­rent de la logi­que de la haute finance qui anime nos édi­les actuels, laquelle est com­plè­te­ment égo­cen­tri­que et pré­da­trice.

    Les “réfor­mes” du gou­ver­ne­ment actuel se font au mépris com­plet des besoins humains. Cela est très clair vis-à-vis de l’école, c’est tout aussi clair vis-à-vis du déman­tè­le­ment géné­ra­lisé des ser­vi­ces publics. Que ce soit l’hôpi­tal, la sécu., la poste, les trans­ports, les tri­bu­naux, etc…, ainsi que les délo­ca­li­sa­tions, tout ne tend qu’à un seul but : pro­duire des pro­fits finan­ciers, pour ceux qui ne savent déjà pas quoi faire de leur argent. (En nous dépos­sé­dant hypo­cri­te­ment de ce qui nous appar­tient col­lec­ti­ve­ment, et que nous devrions pou­voir gérer nous-mêmes direc­te­ment).
    Et par-des­sus le mar­ché, on nous expli­que que cela va beau­coup nous aider, que l’argent des con­tri­bua­bles serve à ver­ser des mil­liards aux ban­ques (deve­nues pri­vées comme il se doit !), ou que l’on exo­nère les entre­pri­ses de leurs “char­ges”… parce que bien sûr, nous, les hum­bles “tra­vailleurs” et/ou pré­cai­res, nous n’appor­tons pas de chance de relance à cet ordre capi­ta­liste malade (excu­sez le pléo­nasme !), et nous devrions uni­que­ment pas­ser notre temps à deman­der un tra­vail à genoux, sans nous poser la ques­tion de son uti­lité, n’importe quel bou­lot pour sur­vi­vre par pitié, et
en com­pre­nant bien la grande misère des entre­pri­ses réel­le­ment affron­tées à une com­pé­ti­tion effré­née et déli­rante où sévit la loi des pro­fits moné­tai­res débri­dés, ce pour quoi il faut lais­ser déman­te­ler le code du tra­vail et les con­seils de prud­hom­mes, en se lais­sant fra­gi­li­ser cha­que jour un peu plus, iso­ler, cul­pa­bi­li­ser, sur­veiller et punir…
    Ce qui n’empê­chera nul­le­ment de nous res­ser­vir dans quel­ques temps la thèse comme quoi, sans l’apport du capi­tal (ren­floué aux frais de la prin­cesse sans aucun titre de pro­priété cor­res­pon­dant), nous n’aurions rien, pas d’emplois, pas de salai­res.
    Tiens, pen­dant que j’écri­vais, la bonne nou­velle est tom­bée : Total a fait plus de béné­fi­ces que jamais : 14 mil­liards d’euros. Mer­veilleux, non ? De là à ce qu’ils créent des pos­tes de tech­ni­ciens de sur­face sur les pla­ges, faut pas rêver, hein !
    La pen­sée domi­nante veut donc que sans le capi­tal pré­ten­du­ment apporté par les diri­geants, nous ne soyons qu’une bande de bons à rien, inca­pa­bles de savoir de quoi nous avons besoin et com­ment faire pour réa­li­ser les biens cor­res­pon­dants et les par­ta­ger.
    Depuis quand l’or se mange-t-il ? Et depuis quand l’or donne-t-il à ses thé­sau­ri­seurs plus de luci­dité qu’aux autres ? Ce qu’il donne, dans notre sys­tème social, et ce qu’il per­met d’ache­ter, outre les mar­chan­di­ses, c’est le pou­voir. Et même le pou­voir d’essayer de tout trans­for­mer en mar­chan­di­ses, pré­séan­ces et pri­vi­lè­ges.
    Tout est là. Com­ment fait-on ? Quel­les ini­tia­ti­ves nous laisse-t-on ? Quelle liberté pre­nons-nous ?
    Non, je ne me suis pas éloi­gnée du sujet « base-élève ».

Société sous con­trôle hyper-cen­tra­lisé, ou société d’adul­tes libres et égaux en droits ?

Le choix est bien entre une société sous con­trôle ultra cen­tra­lisé, où cha­que grouillot de base est traité comme un fau­tif en puis­sance et cerné en per­ma­nence, et entre une société réel­le­ment démo­cra­ti­que, où cha­que citoyen a voix au cha­pi­tre à éga­lité avec cha­que autre indi­vidu.
    Base-Élè­ves, dans un ordre éta­bli où le pou­voir appelle à la déla­tion, elle aussi mon­naya­ble of course, c’est la “déla­tion soft”, la “déla­tion pré­ven­tive”, ano­nyme comme la let­tre du même nom puis­que géné­ra­li­sée, et insi­pide…
    J’ajou­te­rai que les direc­teurs, som­més de ren­sei­gner BE, sont jus­te­ment dans la situa­tion où ils doi­vent choi­sir entre le misé­ra­bi­lisme, la posi­tion “échine con­ve­na­ble­ment cour­bée”, ou un posi­tion­ne­ment clair et mobi­li­sa­teur en leur âme et cons­cience, sans oublier que le mimé­tisme existe, et qu’il s’agit de faire boule de neige en évo­luant plu­tôt vers “l’homo érec­tus”, tant que pos­si­ble.

    Je remar­que aussi que, pour met­tre en place ces outils hau­te­ment per­for­mants, tout cet équi­pe­ment à tra­vers lequel on veut gou­ver­ner machi­na­le­ment les per­son­nes humai­nes, on trouve les moyens que l’on pré­tend ne pas avoir pour main­te­nir des pos­tes ou des clas­ses…

    Et puis, cer­tes, l’admi­nis­tra­tion nous informe aussi peu que pos­si­ble, et édul­core tant qu’elle peut ce qui est en train de se pas­ser, mais un cer­tain nom­bre de citoyens ne pour­ront quand même pas dire, comme en 40 : “On ne savait pas !”. Tous les élé­ments sont sous les yeux de qui veut bien regar­der la réa­lité et ses res­pon­sa­bi­li­tés en face.
    Mal­gré mon indul­gence quasi légen­daire, je ne suis pas prête à trou­ver excu­sa­ble n’importe quelle com­pro­mis­sion au pré­texte qu’on serait “obligé” de con­ser­ver son poste etc…, etc…
    Il est un cer­tain nom­bre d’emplois que je n’aurais accepté sous aucun pré­texte, et vrai­ment, il y en a une lon­gue liste dont les occu­pants, s’ils avaient bien voulu se repo­ser de pré­fé­rence, vaquer à leurs “loi­sirs”, et en tout cas s’en abs­te­nir, nous auraient rendu un fameux ser­vice. Entre les tra­vailleurs de l’arme­ment, ceux des pes­ti­ci­des, du nucléaire, les publi­ci­tai­res, et j’en passe et des meilleurs, vous vous ren­dez compte de tout le temps libre que ça déga­ge­rait !
    Oui, mais nous ris­que­rions d’avoir le temps et l’éner­gie de réflé­chir, et de deve­nir trop intel­li­gents, peut-être même con­tes­ta­tai­res ! Nous ris­que­rions de nous mêler de ce qui nous regarde ! À évi­ter à tout prix ! Don­nez-moi donc plu­tôt des cal­mants aux enfants trop tur­bu­lents, les labos ont besoin de pros­pé­rer !… Ah bon !

    Un fonc­tion­naire est nor­ma­le­ment, ordi­nai­re­ment zélé et obéis­sant.
    Un fonc­tion­naire d’exé­cu­tion n’a cer­tes pas pour habi­tude de se poser des ques­tions sur la léga­lité des ordres trans­mis par sa hié­rar­chie. Étant donné que toute l’ins­ti­tu­tion est sup­po­sée fonc­tion­ner dans le cadre du res­pect strict de la loi, un sim­ple fonc­tion­naire n’a même pas à ima­gi­ner qu’un ordre illé­gal puisse lui être donné. Pour­tant, depuis l’irré­sis­ti­ble ascen­sion du petit Nico­las, c’est ce qui arrive à peu près jour­nel­le­ment. Du fait pour­tant du pli d’avoir à “faire con­fiance” à sa hié­rar­chie pour l’inter­pré­ta­tion et l’appli­ca­tion des tex­tes, un direc­teur est sup­posé obéir à ses “supé­rieurs”, et bien évi­dem­ment un gen­darme ou un poli­cier obéi­ront stric­te­ment aux ordres venus d’en haut. Ce qui se com­prend si l’on ne veut pas avoir affaire à de mul­ti­ples arbi­trai­res, mais ce qui devient très pro­blé­ma­ti­que lors­que l’arbi­traire s’exerce au plus haut niveau, au point que nous assis­tons à un coup d’état per­ma­nent.

    Très con­crè­te­ment, nous assis­tons d’ailleurs à la cri­mi­na­li­sa­tion de la jeu­nesse, et de la pau­vreté qui se répand comme une lèpre, aux des­cen­tes de police mus­clées, avec chiens, qui se répè­tent dans les col­lè­ges ! J’attends de voir sans y croire, et sans l’espé­rer non plus, quand les chiens et les gen­dar­mes débar­que­ront-ils dans les col­lè­ges hup­pés, et pour­quoi pas pri­vés, d’ailleurs ? La dro­gue ne cir­cu­le­rait-elle que dans des milieux défa­vo­ri­sés, dans la basse classe ? Ah, ce n’est pas ce qu’on m’avait dit, au temps où l’on cher­chait à com­pren­dre !

    Que devient le droit fran­çais et sa pré­somp­tion d’inno­cence ? C’est ça, la nou­velle pédo­go­gie moderne ? Le règne de la “bonne insé­cu­rité”, l’humi­lia­tion, la cul­pa­bi­li­sa­tion, l’impo­si­tion de la force brute, la trans­for­ma­tion de cha­cun en élé­ment ano­nyme et sus­pect a priori ? (Quand on fait par­tie de la “France d’en bas”, bien sûr, celle dont la racaille vole les moby­let­tes des fils de la Haute !).
    C’est ça, la nou­velle péda­go­gie moderne qui va ins­pi­rer les pro­gram­mes des ordi­na­teurs de ges­tion des “cohor­tes” d’élè­ves ?

Lire la suite (2) : Hon­nê­teté. Une exi­gence fon­da­men­tale !


Texte ini­tia­le­ment envoyé sur la liste de dis­cus­sion du CNRBE (Col­lec­tif Natio­nal de Résis­tance à Base-Élè­ves), le 15 février 2009.
Modi­fi­ca­tions appor­tées pour Netoyens.info le 27 février 2009.


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Gdalia Roulin

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