Base-Élèves, un outil du coup d'État permanent par Gdalia Roulin 3
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Posted on Friday 27 February 2009, 19h59 - updated on 16/02/12 - Réfléchir - Permalink
Face à une attaque globale, élaborons une stratégie d’ensemble.
Il y a toujours plusieurs façons de considérer un problème, tout comme les maladies. Il semble de bon ton de lutter pied à pied contre des symptômes successifs, de lutter contre des conséquences avérées, l’une après l’autre.Parce que ce serait à nous, les victimes, de démontrer la réalité des attaques que nous subissons pourtant de tous côtés, et que nous pouvons constater amplement tous les jours. Et tant que l’ennemi avance masqué, nous n’aurions pas le droit de nous opposer à ses méfaits, pourtant reconnus !
Pourquoi devrions-nous nous justifier sans cesse face à ce que nous comprenons parfaitement bien, et chaque fois que nous voulons choisir ?
En réalité, nous savons bien que l’attaque est globale, même si on voudrait nous faire croire que tout se passe en ordre dispersé, parfois même il s’agirait d’une erreur ou d’un excès de zèle ou de parole ministériel, d’un manque de pédagogie. Pauvres de nous, qui avons besoin de leçons de rattrapage !
Le résultat le plus clair de ce genre de propagande, c’est de servir à fragmenter nos luttes et les diviser dans l’espace et le temps.
La « bien-pensance », ça suffit !
Une idée reçue est qu’il faut se défendre d’être “parano”. Encore une fois, on amalgame une catégorie psychiatrique pathologique avec une attitude parfaitement saine et lucide qui consiste à dénoncer les procédés réellement dangereux et malintentionnés de certains.
Non vraiment, si ce n’est à l’état de jeune enfant, tout le monde il est pas beau, tout le monde il est pas gentil. Et ce n’est pas parce que le temps passe que nous deviendrions moins “barbares”, nous, les humains.
Faut-il, pèle-mêle, citer les différentes exterminations, qu’on les appelle génocides ou massacres : génocide nazi contre les opposants politiques, les Juifs, les Tziganes, les homos et handicapés, Arménie, Tchétchénie, Rwanda, Bosnie, Argentine, Chili, ghetto de Varsovie, goulags, Sabra et Chatila, Guantanamo, “Plomb durci” sur Gaza, etc… etc…
Je ne parle même pas des dictatures qui sont légion !
Les régimes totalitaires, qui règnent par la loi du plus fort et le crime organisé (à mon avis les guerres ne sont pas autre chose, et elles sont au service d’intérêts eux aussi fort peu honnêtes, et tout sauf solidaires), sont les plus nombreux, et je ne les énumérerai même pas, mon message serait beaucoup trop long, pas vrai !
Serions-nous donc assurés, au XXI° siècle n’est-ce-pas, que “la civilisation”, “la démocratie” – toujours occidentale ! - ont évidemment triomphé partout ?
Évidemment non !
Évidemment nous en sommes très loin.
Et en France, dans notre beau pays des « Droits de l’Homme », où en sommes-nous ?
Sommes-nous immunisés contre la dictature ? D’où nous pourrions nous rassurer que tous les fichiers n’existent et n’existeront bien entendu que pour nous rendre service ? (Ce serait bien le seul exemple de défense d’un service au “public” exigé par ce gouvernement !).
C’est ce que j’appelle jouer à la roulette russe.
Et surtout, quand et comment aurions-nous voté pour un programme franchement débattu, sur la base d’informations libres et contradictoires, et après mûres réflexions, en détaillant les sujets ?
Or, cet élu hyperactif et omniprésent ne chôme pas, lui (ni ses dévoués collaborateurs). Ils abattent un rude travail au pas de charge, pour gagner des centaines de milliers de fois plus, eux et leurs copains, c’est de plus en plus évident !
En vrac : concentration de tous les pouvoirs aux mains du pouvoir exécutif.
Réduction des pouvoirs du Parlement, qui n’en avait déjà pas beaucoup.
Subordination de la Justice avec la suppression des juges d’instruction, instruction dorénavant confiée à des magistrats dont l’avancement dépend directement du gouvernement !
Mise au pas des médias, qui étaient pourtant déjà bien tenus par le pouvoir économique.
Quelle que soit notre conception d’une organisation démocratique de la société - et moi je pense qu’il ne s’agit ni de donner, ni de prendre le pouvoir, mais qu’il faut absolument empêcher qu’il soit pris par certains sur les autres - bref, quelle que soit la façon dont on imagine la structure démocratique de la société pour garantir le maximum de liberté à tous, on peut au moins être d’accord sur la nécessité de la séparation des pouvoirs.
C’est ce qu’on m’avait appris à l’école, quand j’étais petite, comme une règle fondamentale indispensable à un fonctionnement démocratique.
Or, ces principes sont foulés au pied sans aucun débat, et on n’entend pas beaucoup de voix s’élever pour dénoncer ces violations du droit. Les lois cadre existent, pourtant. Que fait-on de la déclaration universelle des droits de l’homme, de la convention internationale des droits de l’enfant, toutes deux ratifiées par “la France”, et que fait-on de la constitution française ? (*) Par exemple aussi, quid de la loi de 1905 sur la laïcité et la séparation des Églises et de l’État, qui est violée régulièrement sans que grand monde proteste ! Cela n’a pourtant rien d’anodin. Dans le même temps où la contestation radicale en politique est criminalisée, le chef de l’État se permet de nous dire où se situe la bien-pensance : les enseignants religieux seraient tellement meilleurs que les laïques, pardon, les laïcards, pour dire à chacun quel sens donner à sa vie ! L’école de la République est laïque, mais le “premier magistrat de France” se permet de nous indiquer quelle philosophie serait meilleure qu’une autre ? Mandaté par qui ? Dans quel cadre légal ? Faut-il demander : “Que fait la police ?”, ou plus platement : “Que fait donc l’opposition au pouvoir en place, dans ce pays ?”.
Parmi les partis supposés être crédibles pour nous gouverner, on cherche vainement une analyse de fond, et je ne vois personnellement dans leurs communiqués que des réponses parcellaires, d’une inconsistance et d’une mollesse ahurissantes, qui ne dénoncent jamais la cause de toutes ces dérives gravement dangereuses pour l’ensemble de la population.
Je parlais du principe de base de respect de la séparation du pouvoir.
Je parlais de tout ce qui se met insidieusement en place de partout, si bien qu’en usant nos énergies à batailler d’une école à une autre, d’une fermeture de classe ici à une suppression de poste là, d’une fermeture de maternité à la disparition d’un hôpital de proximité, d’un tribunal à un bureau de poste éliminés, etc, etc…, toujours au nom de la sacro-sainte rentabilité financière (la rentabilité au plan humain, “quèque” c’est que ça ? c’est juste quand les “ressources humaines” produisent des trucs qui rapportent, tiens !), en laissant en notre nom faire la chasse aux immigrés et ruiner des vies en saccageant des relations qui sont humaines, elles, en laissant délocaliser, en n’interdisant pas de suite tout ce qui pourrit la planète et la vie sur la planète, en ne faisant pas nettement obstruction à base-élèves et à tous les fichages réellement orwelliens quels que soient les précautions de langage et d’attitudes que nous “sauvegardions” tandis que le piège se referme sous nos yeux, je pense que si nous en restons à des actions dispersées, fragmentées, à ces divisions dans les luttes et à un défaut d’objectif suffisamment large et radical, conséquent, nous sommes dans ce cas voués à l’échec, ou à des victoires partielles qui seront sempiternellement remises en cause. Bien sûr, ce que nous virons par la porte n’en finira pas de revenir par les fenêtres, jusqu’à ce que le contrôle soit exercé par les citoyen(ne)s de base, et non par rien de ce qui ressemble à un sommet de pyramide. Parce qu’il est dans la nature du système foncièrement injuste et inégalitaire qui nous exploite de vouloir perpétuer ces inégalités et la domination qui les permet.
Ce n’était pas uniquement pour réclamer plus de pouvoir d’achat et une place de salarié-serpillière. De qui se moque-t-on ?
Ceux qui favorisent actuellement l’éparpillement et l’essoufflement des luttes, objectivement, nous trahissent parce qu’ils préparent notre échec alors que nous avons les moyens de gagner.
Nous laisserons-nous transformer en Sisyphes impuissants et pleurnicheurs ?
Et ceux qui veulent que nous épuisions nos énergies d’une élection à l’autre dans le cadre du système tel qu’il fonctionne, qui phagocyte et dénature tout ce que nous voulons et qui nous sacrifie sur l’autel des profits scandaleux de quelques-uns, ceux qui voudraient se faire prendre pour nos sauveurs à venir, passeurs de lendemains qui chantent toujours au futur bien entendu, ceux qu’il faudrait se contenter d’élire sans se demander pourquoi et comment, ils nous trahissent aussi, de fait.
A nous de la prendre en main.
Je tiens à affirmer que la responsabilité des morceleurs de grève et de luttes est énorme.
Dans cette jolie démocratie où nous sommes censés nous perdre dans un déluge d’informations, où les médias sont à l’affût du moindre événement tels que la couleur de cravate du Président ou celle du tailleur de la « première dame de France » (élue par qui ? Ah, oui, l’Élue de Son Cœur, ah, ce que c’est beau, les Grandes Familles !), il nous a fallu attendre plus d’une dizaine de jours pour être informés par les médias « officiels » de ce qui était en train de se passer dans les Antilles ! (Ce type de comportement de la part des organes de presse est coutumier : nous avions observé le même type de rétention d’information et d’orientation de l’opinion publique concernant les révoltes qui ont secoué et continuent de secouer la Grèce cet hiver.)
La Guadeloupe, la Martinique, La Réunion sont en grève générale illimitée.
De toute évidence, comme d’habitude, ce sont des Collectifs de citoyen(ne)s qui mènent la lutte, les bureaucraties syndicales ou partidaires prenant le train en marche, et se disposant, comme en 68, à répéter sans doute qu’il faut savoir arrêter une grève, et se contenter des dérisoires accords de Grenelle, et reprendre sagement le collier….
Parce que tant que nos dirigeants auto-proclamés et autorisés par le pouvoir (et je parle bien ici de la politique habituelle des directions, et non pas des adhérents de base engagés à fond dans les luttes avec nous), confondront l’intérêt soi-disant supérieur de leur organisation, pour ne pas dire la perpétuation de leur propre statut social, avec l’intérêt de la société en général, et donc tant qu’ils se battront pour développer leur parti ou syndicat et asseoir leur “représentativité” apparemment incontournable, plutôt que de garder toujours présent à l’esprit qu’il s’agit de changer l’ordre social, et non de se focaliser sur un parti ou un syndicat, dans ce contexte nos luttes sont vouées à être freinées et affaiblies par ceux qui sont supposés les mener.
Il s’agit de refonder toute la société sur des bases solidaires et d’auto-organisation, et non de rassembler autour d’un des nombreux nombrils du monde qui se donnent à admirer.
Honte à ceux qui laisseraient pourrir les luttes sur les terres créoles.
Honte à ceux qui n’appellent pas à la solidarité active avec les manifestants antillais et réunionnais, qui nous montrent l’exemple.
L’heure n’est pas à se laisser réduire à la débandade.
L’heure est à la solidarité populaire.
Leur lutte est aussi la nôtre.
Il est temps de se donner une stratégie gagnante !
En face, la stratégie est camouflée, mais elle est très élaborée. Elle nous divise pour régner, et elle fragilise au maximum les différentes « catégories » déjà précarisées historiquement ou de par leur statut social.
Nos façons de se situer seront lourdes de conséquences, et si nous laissons seuls ceux qui agissent actuellement en première ligne, nous aurons été complices de la répression qui ne manquera pas de s’exercer en cas d’affaiblissement du mouvement.
Ce n’est plus le moment de “résister” dos au mur, à reculons ! Nous étions 2 millions 1/2 à manifester le 29 janvier, non ?
Un peu d’ambition, que diable !
Et si nous “positivions”, comme on nous le conseille si volontiers à tort et à travers ?
Positivons en posant des exigences, en affirmant tous ensemble, sans occulter nos divergences, tout ce que nous voulons et pouvons.
Je ne crois vraiment pas avoir été hors sujet. Pourquoi devrions-nous nous astreindre à regarder ce qui nous tombe dessus par le petit bout de la lorgnette ?
Je me doute bien que les idées que je viens d’exposer circulent déjà largement. Cependant j’ai trouvé intéressant de les rassembler noir sur blanc. De nous prendre au sérieux, quoi !
« Art. 17 : Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur ou à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant dit exactement la même chose dans son article 16, en remplaçant “Nul” par “Nul enfant”.
Texte initialement envoyé sur la liste de discussion du CNRBE (Collectif National de Résistance à Base-Élèves), le 15 février 2009.
Modifications apportées pour Netoyens.info le 27 février 2009.
Une idée reçue est qu’il faut se défendre d’être “parano”. Encore une fois, on amalgame une catégorie psychiatrique pathologique avec une attitude parfaitement saine et lucide qui consiste à dénoncer les procédés réellement dangereux et malintentionnés de certains.
Non vraiment, si ce n’est à l’état de jeune enfant, tout le monde il est pas beau, tout le monde il est pas gentil. Et ce n’est pas parce que le temps passe que nous deviendrions moins “barbares”, nous, les humains.
Faut-il, pèle-mêle, citer les différentes exterminations, qu’on les appelle génocides ou massacres : génocide nazi contre les opposants politiques, les Juifs, les Tziganes, les homos et handicapés, Arménie, Tchétchénie, Rwanda, Bosnie, Argentine, Chili, ghetto de Varsovie, goulags, Sabra et Chatila, Guantanamo, “Plomb durci” sur Gaza, etc… etc…
Je ne parle même pas des dictatures qui sont légion !
Les régimes totalitaires, qui règnent par la loi du plus fort et le crime organisé (à mon avis les guerres ne sont pas autre chose, et elles sont au service d’intérêts eux aussi fort peu honnêtes, et tout sauf solidaires), sont les plus nombreux, et je ne les énumérerai même pas, mon message serait beaucoup trop long, pas vrai !
Serions-nous donc assurés, au XXI° siècle n’est-ce-pas, que “la civilisation”, “la démocratie” – toujours occidentale ! - ont évidemment triomphé partout ?
Évidemment non !
Évidemment nous en sommes très loin.
Et en France, dans notre beau pays des « Droits de l’Homme », où en sommes-nous ?
Sommes-nous immunisés contre la dictature ? D’où nous pourrions nous rassurer que tous les fichiers n’existent et n’existeront bien entendu que pour nous rendre service ? (Ce serait bien le seul exemple de défense d’un service au “public” exigé par ce gouvernement !).
C’est ce que j’appelle jouer à la roulette russe.
N’assistons-nous pas, depuis l’élection de M. Sarkozy, à un coup d’état permanent ?
Il est pourtant fallacieux de dire qu’une majorité de Français a voté pour ce monsieur, car c’est ne pas tenir compte des abstentionnistes. Il ne représentait, au plus, et au moment du vote, que moins d’un tiers de l’électorat. Si nous voulons à toutes fins toutes forces vivre dans un régime représentatif, qui donc représente, honnêtement, tous les autres ?Et surtout, quand et comment aurions-nous voté pour un programme franchement débattu, sur la base d’informations libres et contradictoires, et après mûres réflexions, en détaillant les sujets ?
Or, cet élu hyperactif et omniprésent ne chôme pas, lui (ni ses dévoués collaborateurs). Ils abattent un rude travail au pas de charge, pour gagner des centaines de milliers de fois plus, eux et leurs copains, c’est de plus en plus évident !
En vrac : concentration de tous les pouvoirs aux mains du pouvoir exécutif.
Réduction des pouvoirs du Parlement, qui n’en avait déjà pas beaucoup.
Subordination de la Justice avec la suppression des juges d’instruction, instruction dorénavant confiée à des magistrats dont l’avancement dépend directement du gouvernement !
Mise au pas des médias, qui étaient pourtant déjà bien tenus par le pouvoir économique.
Quelle que soit notre conception d’une organisation démocratique de la société - et moi je pense qu’il ne s’agit ni de donner, ni de prendre le pouvoir, mais qu’il faut absolument empêcher qu’il soit pris par certains sur les autres - bref, quelle que soit la façon dont on imagine la structure démocratique de la société pour garantir le maximum de liberté à tous, on peut au moins être d’accord sur la nécessité de la séparation des pouvoirs.
C’est ce qu’on m’avait appris à l’école, quand j’étais petite, comme une règle fondamentale indispensable à un fonctionnement démocratique.
Or, ces principes sont foulés au pied sans aucun débat, et on n’entend pas beaucoup de voix s’élever pour dénoncer ces violations du droit. Les lois cadre existent, pourtant. Que fait-on de la déclaration universelle des droits de l’homme, de la convention internationale des droits de l’enfant, toutes deux ratifiées par “la France”, et que fait-on de la constitution française ? (*) Par exemple aussi, quid de la loi de 1905 sur la laïcité et la séparation des Églises et de l’État, qui est violée régulièrement sans que grand monde proteste ! Cela n’a pourtant rien d’anodin. Dans le même temps où la contestation radicale en politique est criminalisée, le chef de l’État se permet de nous dire où se situe la bien-pensance : les enseignants religieux seraient tellement meilleurs que les laïques, pardon, les laïcards, pour dire à chacun quel sens donner à sa vie ! L’école de la République est laïque, mais le “premier magistrat de France” se permet de nous indiquer quelle philosophie serait meilleure qu’une autre ? Mandaté par qui ? Dans quel cadre légal ? Faut-il demander : “Que fait la police ?”, ou plus platement : “Que fait donc l’opposition au pouvoir en place, dans ce pays ?”.
Parmi les partis supposés être crédibles pour nous gouverner, on cherche vainement une analyse de fond, et je ne vois personnellement dans leurs communiqués que des réponses parcellaires, d’une inconsistance et d’une mollesse ahurissantes, qui ne dénoncent jamais la cause de toutes ces dérives gravement dangereuses pour l’ensemble de la population.
Je parlais du principe de base de respect de la séparation du pouvoir.
Je parlais de tout ce qui se met insidieusement en place de partout, si bien qu’en usant nos énergies à batailler d’une école à une autre, d’une fermeture de classe ici à une suppression de poste là, d’une fermeture de maternité à la disparition d’un hôpital de proximité, d’un tribunal à un bureau de poste éliminés, etc, etc…, toujours au nom de la sacro-sainte rentabilité financière (la rentabilité au plan humain, “quèque” c’est que ça ? c’est juste quand les “ressources humaines” produisent des trucs qui rapportent, tiens !), en laissant en notre nom faire la chasse aux immigrés et ruiner des vies en saccageant des relations qui sont humaines, elles, en laissant délocaliser, en n’interdisant pas de suite tout ce qui pourrit la planète et la vie sur la planète, en ne faisant pas nettement obstruction à base-élèves et à tous les fichages réellement orwelliens quels que soient les précautions de langage et d’attitudes que nous “sauvegardions” tandis que le piège se referme sous nos yeux, je pense que si nous en restons à des actions dispersées, fragmentées, à ces divisions dans les luttes et à un défaut d’objectif suffisamment large et radical, conséquent, nous sommes dans ce cas voués à l’échec, ou à des victoires partielles qui seront sempiternellement remises en cause. Bien sûr, ce que nous virons par la porte n’en finira pas de revenir par les fenêtres, jusqu’à ce que le contrôle soit exercé par les citoyen(ne)s de base, et non par rien de ce qui ressemble à un sommet de pyramide. Parce qu’il est dans la nature du système foncièrement injuste et inégalitaire qui nous exploite de vouloir perpétuer ces inégalités et la domination qui les permet.
Il s’agit de changer de contrat social ici et maintenant.
Nous étions 2 millions 1/2 de personnes dans les rues ce 29 janvier 2009.Ce n’était pas uniquement pour réclamer plus de pouvoir d’achat et une place de salarié-serpillière. De qui se moque-t-on ?
Ceux qui favorisent actuellement l’éparpillement et l’essoufflement des luttes, objectivement, nous trahissent parce qu’ils préparent notre échec alors que nous avons les moyens de gagner.
Nous laisserons-nous transformer en Sisyphes impuissants et pleurnicheurs ?
Et ceux qui veulent que nous épuisions nos énergies d’une élection à l’autre dans le cadre du système tel qu’il fonctionne, qui phagocyte et dénature tout ce que nous voulons et qui nous sacrifie sur l’autel des profits scandaleux de quelques-uns, ceux qui voudraient se faire prendre pour nos sauveurs à venir, passeurs de lendemains qui chantent toujours au futur bien entendu, ceux qu’il faudrait se contenter d’élire sans se demander pourquoi et comment, ils nous trahissent aussi, de fait.
À bas la « pwofitasyon » internationale !
Car c’est d’une refondation radicale de notre organisation sociale dont nous avons besoin.A nous de la prendre en main.
Je tiens à affirmer que la responsabilité des morceleurs de grève et de luttes est énorme.
Dans cette jolie démocratie où nous sommes censés nous perdre dans un déluge d’informations, où les médias sont à l’affût du moindre événement tels que la couleur de cravate du Président ou celle du tailleur de la « première dame de France » (élue par qui ? Ah, oui, l’Élue de Son Cœur, ah, ce que c’est beau, les Grandes Familles !), il nous a fallu attendre plus d’une dizaine de jours pour être informés par les médias « officiels » de ce qui était en train de se passer dans les Antilles ! (Ce type de comportement de la part des organes de presse est coutumier : nous avions observé le même type de rétention d’information et d’orientation de l’opinion publique concernant les révoltes qui ont secoué et continuent de secouer la Grèce cet hiver.)
La Guadeloupe, la Martinique, La Réunion sont en grève générale illimitée.
De toute évidence, comme d’habitude, ce sont des Collectifs de citoyen(ne)s qui mènent la lutte, les bureaucraties syndicales ou partidaires prenant le train en marche, et se disposant, comme en 68, à répéter sans doute qu’il faut savoir arrêter une grève, et se contenter des dérisoires accords de Grenelle, et reprendre sagement le collier….
Parce que tant que nos dirigeants auto-proclamés et autorisés par le pouvoir (et je parle bien ici de la politique habituelle des directions, et non pas des adhérents de base engagés à fond dans les luttes avec nous), confondront l’intérêt soi-disant supérieur de leur organisation, pour ne pas dire la perpétuation de leur propre statut social, avec l’intérêt de la société en général, et donc tant qu’ils se battront pour développer leur parti ou syndicat et asseoir leur “représentativité” apparemment incontournable, plutôt que de garder toujours présent à l’esprit qu’il s’agit de changer l’ordre social, et non de se focaliser sur un parti ou un syndicat, dans ce contexte nos luttes sont vouées à être freinées et affaiblies par ceux qui sont supposés les mener.
Il s’agit de refonder toute la société sur des bases solidaires et d’auto-organisation, et non de rassembler autour d’un des nombreux nombrils du monde qui se donnent à admirer.
Honte à ceux qui laisseraient pourrir les luttes sur les terres créoles.
Honte à ceux qui n’appellent pas à la solidarité active avec les manifestants antillais et réunionnais, qui nous montrent l’exemple.
L’heure n’est pas à se laisser réduire à la débandade.
L’heure est à la solidarité populaire.
Leur lutte est aussi la nôtre.
Il est temps de se donner une stratégie gagnante !
En face, la stratégie est camouflée, mais elle est très élaborée. Elle nous divise pour régner, et elle fragilise au maximum les différentes « catégories » déjà précarisées historiquement ou de par leur statut social.
Nos façons de se situer seront lourdes de conséquences, et si nous laissons seuls ceux qui agissent actuellement en première ligne, nous aurons été complices de la répression qui ne manquera pas de s’exercer en cas d’affaiblissement du mouvement.
Ce n’est plus le moment de “résister” dos au mur, à reculons ! Nous étions 2 millions 1/2 à manifester le 29 janvier, non ?
Un peu d’ambition, que diable !
Et si nous “positivions”, comme on nous le conseille si volontiers à tort et à travers ?
Positivons en posant des exigences, en affirmant tous ensemble, sans occulter nos divergences, tout ce que nous voulons et pouvons.
Je ne crois vraiment pas avoir été hors sujet. Pourquoi devrions-nous nous astreindre à regarder ce qui nous tombe dessus par le petit bout de la lorgnette ?
Je me doute bien que les idées que je viens d’exposer circulent déjà largement. Cependant j’ai trouvé intéressant de les rassembler noir sur blanc. De nous prendre au sérieux, quoi !
Notes :
(*) Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté par l’Assemblée générale de l’ONU le 16 décembre 1968.« Art. 17 : Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur ou à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes. »
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant dit exactement la même chose dans son article 16, en remplaçant “Nul” par “Nul enfant”.
Texte initialement envoyé sur la liste de discussion du CNRBE (Collectif National de Résistance à Base-Élèves), le 15 février 2009.
Modifications apportées pour Netoyens.info le 27 février 2009.
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